Introduction au monde érotico-macabre du bricoleur Bertrand Mandico avec trois courts saisissants.
Figure encore marginale du jeune cinéma français, Bertrand Mandico poursuit depuis plusieurs années une œuvre radicale, entêtée, déployant son goût des bricolages archaïques et des petites recherches formelles dans de multiples disciplines : animation, arts plastiques, photographie, installations vidéo, etc.
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En attendant un hypothétique projet de long métrage, le programme de trois courts diffusés en salle aujourd’hui (Prehistoric Cabaret, Y a-t-il une vierge encore vivante ?, Notre-Dame des Hormones), permet de mesurer les forces et limites de cet imaginaire débridé, branché sur les courants alternatifs de l’érotisme et du macabre, du gore et du cul triste.
Dans ces petits instantanés expérimentaux, où l’on découvre des femmes qui pratiquent des coloscopies avec d’étranges caméras organiques, une Jeanne d’Arc qui traque et torture de jeunes vierges ou encore deux amies qui s’entichent d’un bout de chair en forme de bite turgescente, Mandico compose des poèmes visuels baroques et cinglés, renouant par éclats avec l’extase formelle d’un cinéma primitif et sauvage.
Sans jamais recourir au moindre trucage numérique, l’auteur enchaîne les fulgurances plastiques à la fois crades et hautement sensuelles, mixant tout un réseau d’influences plus ou moins impures (Ruggero Deodato, Jean Cocteau, Kenneth Anger, ou le prince du cyberpunk Shinya Tsukamoto) dans des sortes de messes noires qui ravivent un plaisir très ludique d’images clandestines, interdites.
Certains partis pris formels sont bien sûr moins opérants, et l’on peut s’interroger, à terme, sur la pérennité d’un tel système autarcique, mais s’affirme là un style fort, incantatoire et vénéneux, absolument singulier dans le cinéma français.
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