Hommage à Tatsumi Kumashiro sept filmsRétrospective Le cinéma de Tatsumi Kumashiro est le reflet de la grande crise du cinéma japonais du début des années 70. Pour se sortir du marasme économique, la compagnie Nikkatsu se lance dans une nouvelle série de films à petit budget, le “roman-porno”. D’abord assistant-réalisateur, puis scénariste et auteur d’un […]
Hommage à Tatsumi Kumashiro sept films
Rétrospective Le cinéma de Tatsumi Kumashiro est le reflet de la grande crise du cinéma japonais du début des années 70. Pour se sortir du marasme économique, la compagnie Nikkatsu se lance dans une nouvelle série de films à petit budget, le « roman-porno ». D’abord assistant-réalisateur, puis scénariste et auteur d’un seul film en 68 (La Vie assoiffée), Kumashiro saisit sa chance et devient un cinéaste à succès dès son premier « roman-porno », Lèvres humides (72). Il se spécialise alors dans cette veine et réalise plusieurs films par an, la plupart comportant les mots « humide » ou « mouillé » dans leurs titres pour allécher le spectateur-voyeur. Si le genre ne disparaîtra officiellement qu’en 88, à cause de la concurrence de la vidéo, Kumashiro le sert exclusivement jusqu’en 75, avant de diversifier sa production. Leader du cinéma japonais pendant toutes les années 70, il ralentira son rythme effréné durant la décennie suivante. Sa santé se dégrade, il n’accède à la reconnaissance internationale qu’à l’occasion de son dernier film, La Tristesse d’un idiot. Il meurt en 96, laissant trente-cinq films derrière lui.
L’hommage que lui consacre la Maison de la culture du Japon constitue une occasion unique de découvrir un cinéaste passionnant, à cheval entre l’ancien système de production des studios et l’émergence d’un cinéma indépendant symbolisé par Oshima, sachant tirer parti du savoir-faire technique de ses collaborateurs tout en trouvant des solutions plastiques audacieuses pour compenser son manque de moyens. Kumashiro est donc un vrai cinéaste de série B. Tournés en Scope couleur, ses films frappent par leur énergie et leur brutalité. Ils refusent la joliesse érotique pour montrer un monde et des corps agités par les pulsions. S’il exalte l’aspect libératoire de l’acte sexuel en bon cinéaste des seventies, Kumashiro insiste aussi sur sa trivialité ludique, son côté grotesque et répétitif. Ses corps sont plus tordus que posés. Il magnifie la nudité féminine mais lui confère une certaine animalité du plaisir. Il aime plonger ses personnages dans une quotidienneté un peu sale, rendue à l’écran par l’emploi de la caméra portée, de zooms soudains et de plans-séquences agités et rugueux, où les obstacles au regard se multiplient pour aboutir à des cadres à la fois très composés et très chaotiques. Parmi les films présentés, on distinguera La Femme aux cheveux rouges (79) et surtout Les Amants mouillés (73), avec son incroyable plan-séquence qui suit un trio amoureux en train de jouer à saute-mouton sur la plage tout en se dénudant progressivement. Mais la censure veillait et les poils pubiens de l’actrice ont été grattés sur la pellicule pour former une tache blanche et mouvante. Ajouté à l’emploi de caches noirs pour dissimuler les organes décisifs, cet aspect scratch achève de donner aux films de Kumashiro leur étrangeté.
En photo, Les Amants mouillés
Du 24 au 28 novembre, Maison de la culture du Japon à Paris, 101 bis, quai Branly, renseignements au 01.44.37.95.01.
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