Rétrospective et hommage au père des Blues Brothers et du ballet de zombies de Michael Jackson.
Le nom de John Landis évoque le versant le plus évident, inconséquent en apparence, du divertissement hollywoodien des années 80. Trois exemples : la BO de Blues Brothers, le rire d’Eddy Murphy dans Un fauteuil pour deux et le portrait visionnaire de Michael Jackson en zombie dans le fastueux clip de Thriller. Autant de fétiches, voire de clichés eighties dans la mémoire collective.
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Landis était moins sombre que Joe Dante, plus constant que John Badham – ses contemporains un peu homonymes. Sa marque, c’est l’humour, qu’il œuvre dans le fantastique ou la comédie musicale – “Des genres que j’ai tous approchés de la même manière”, dit cet ancien cascadeur – et ce depuis ses débuts, le fauché Schlock (1973), sur un gorille préhistorique qu’une aveugle prend pour un chien, ou le culte Hamburger Film Sandwich (1977), marabout-bout-de-ficelle de séquences TV parodiées (Les Nuls l’ont beaucoup regardé).
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Son humour décloisonne tel genre, le rend vivant : Le Loup-Garou de Londres (1981) fonctionne comme film d’horreur et comique. Le gag dépoussière le cliché, qu’un vampire s’éveille avec un thermomètre planté dans le ventre (Innocent Blood) ou qu’il pousse le crash de voitures à l’absurde (Blues Brothers).
Mais Landis est aussi un nostalgique contrarié, avec une haute idée de l’entertainment, citant Leo McCarey ou Preston Sturges. “J’ai été influencé par tous ceux ayant fait au moins un film !”, nous dit-il. L’homme invite ses confrères à apparaître dans ses films (de Cronenberg à Costa-Gavras) ou ressuscite des genres confidentiels comme “la comédie à la Bob Hope” (Drôles d’espions) ou “le western avec mariachi” (3 amigos !, prototype de Tonnerre sous les tropiques).
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Mais à son meilleur, Landis a su avoir une grande acuité quant à son temps : sur l’envers du rêve américain, on échange sans sourciller Un fauteuil pour deux contre Wall Street (“La politique de Reagan et de Thatcher portait les fruits de la crise économique actuelle”). Et Dream on, géniale série qu’il a produite, voyait son héros s’épancher via des extraits de vieux films en guise de monologue intérieur. Nostalgie oui, mais aussi un commentaire pertinent sur la manière dont la télévision modèle une vie.
Landis passera mal le cap des années 90, se réfugiera comme producteur télé, n’en sortant que pour des escapades cette fois nostalgiquement vaines – Blues Brothers 2000 ou des sketches pour la série Les Maîtres de l’horreur. Mais il n’abandonne pas : “Au printemps, je réalise Burke and Hare à Londres, une comédie romantique très noire, et je travaille aussi sur un script de western avec des vampires chinois.” Le mélange des genres, encore et toujours.
Rétrospective John Landis – L’Euphorie menaçante du divertissement
Du 28 janvier au 1er mars à la Cinémathèque française, Paris XIIe
www.cinematheque.fr