On connaît très peu Fabio Carpi en France, c’est pourtant loin d’être un nouveau venu. Ancien critique de l’Unità, poète, romancier, scénariste, Carpi, personnalité très isolée dans le panorama du cinéma italien, a débuté dans la mise en scène en 1971 et réalisé une petite dizaine de films. Son dernier s’appelle Homère mais ce n’est […]
On connaît très peu Fabio Carpi en France, c’est pourtant loin d’être un nouveau venu. Ancien critique de l’Unità, poète, romancier, scénariste, Carpi, personnalité très isolée dans le panorama du cinéma italien, a débuté dans la mise en scène en 1971 et réalisé une petite dizaine de films. Son dernier s’appelle Homère mais ce n’est pas une adaptation de L’Odyssée. Il s’agit d’une coproduction franco-italienne, ce qui nous vaut une distribution disparate et le français comme langue dominante. C’est l’histoire d’un vieil écrivain aveugle et célèbre qui parcourt le monde au bras d’une jeune femme pour y donner des conférences sur le miroir et le labyrinthe. Leurs pérégrinations les conduisent d’Italie en Espagne, de Suisse en Inde. Carpi préfère souvent représenter les chambres d’hôtel, espaces clos toujours différents mais toujours égaux, plutôt que le folklore des villes traversées. Quelques escapades narratives sévillanes (de la tauromachie pour adoucir la vieillesse aveugle…) ou indiennes (pas loin du Nocturne indien de Tabucchi…) placent le film dans une itinérance littéraire pas désagréable. Claude Rich interprète avec nuances l’écrivain narcissique et complaisant aux yeux morts mais au verbe vivace, visuellement inspiré Carpi ne s’en cache pas par le Borges de la fin, appuyé sur sa canne comme dans les photos de Gisèle Freund. Sa compagne est Valeria Cavalli (qui joue aussi chez Tsui Hark !), pas toujours à l’aise dans un rôle polyglotte d’amoureuse qui part coucher ailleurs. Qu’est-ce qui fait que ce film, parfois, fonctionne et ne sombre pas dans un académisme qui, souvent, le guette ? D’abord une obstination, celle de Fabio Carpi à traiter avec toujours plus de profondeur ses thèmes de prédilection, la vieillesse et la mort ; on se souvient ainsi des musiciens de Quatuor Basileus ou du vieux psy dans Barbe-Bleue, Barbe-Bleue. Le rôle de Claude Rich ensuite, extrêmement littéraire, bourré d’aphorismes plus ou moins percutants, de réflexions paradoxales et de citations musicales. Le film n’évite pas quelques tics formels agaçants (longs panoramiques pas toujours probants), quelques effets trop appuyés, mais cette réflexion sur la cécité et le silence se voit sans déplaisir.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
{"type":"Banniere-Basse"}