Premier aperçu, lors d’une présentation en grande pompe, du gros coup écolo-médiatique de Luc Besson et du groupe Pinault.
Le 5 mai 2009, au musée du Quai Branly, une conférence de presse réunissait Luc Besson, le producteur Denis Carot, François-Henri Pinault, PDG du groupe PPR, et Yann Arthus-Bertrand pour le lancement de l’usine à gaz de l’année : Home, premier méga-film écolo français, censé rivaliser avec les Américains Une vérité qui dérange de Davis Guggenheim (avec Al Gore) et La 11e Heure (inédit en France) de Nadia Conners. Le 5 juin, journée mondiale de l’environnement, Home sortira dans cent pays ; en France il sera disponible sur tous les supports : cinéma, DVD, net et projection au Champ-de-Mars. Version de 2 h en salle, de 1 h 30 en DVD (à prix réduit).
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Comme il dispense un message de prise de conscience universelle, considéré inattaquable, incritiquable, le film n’a pas été montré à la presse in extenso. On n’a vu qu’un extrait de vingt minutes, suffisant pour piger le bluff.
En gros, Arthus-Bertrand, après être passé de la photo paysagiste (cf. La Terre vue du ciel, best-seller à trois millions d’exemplaires) à l’émission télé écolo (Vu du ciel, revendu en DVD), décline le concept en long métrage, avec musique à la Philip Glass, et commentaire lénifiant, qui retrace la genèse de la Terre (!) avant de seriner que la pollution c’est pas bien et qu’à force tout va péter…
OK, mais Arthus-Bertrand est avant tout un photographe de posters, un réalisateur de fonds d’écran, qui en filmant du ciel compose de belles marqueteries bariolées. Vues de très haut, les choses n’ont plus aucun sens. Une catastrophique marée noire peut être aussi splendide qu’un champ de fleurs. Le grand absent de Home c’est l’homme, qu’Arthus-Bertrand transforme en paramécie observée sous microscope.
Cette entreprise, louable dans son principe mais à l’impact incertain, a été financée par le groupe PPR (Pinault Printemps Redoute), qui s’offre à bon compte une image environnementalement correcte, comme les patrons d’antan investissaient dans l’art abstrait. Parallèlement, le concurrent télévisuel d’Arthus-Bertrand, Nicolas Hulot, annonce pour octobre 2009 son propre écolo-film, Le Syndrome du Titanic. Recalé à Cannes, Hulot a perdu la première manche de cette guéguerre, tandis qu’Arthus-Bertrand, appuyé par la force de frappe distributrice de Luc Besson, occupe le terrain écolo-médiatique.
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