Peter Jackson clôt sa visite de l’univers de J.R.R. Tolkien dans un film de siège à la fois très spectaculaire et un peu vain.
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La voilà, enfin diront certains, la conclusion de la trilogie Hobbit amorcée par Peter Jackson en 2012 à la suite du Seigneur des anneaux. Décliner en trois films de plus de deux heures l’adaptation d’un livre de 300 pages signé J. R. R. Tolkien fut un pari audacieux sinon inconscient pour le cinéaste néo-zélandais, qui se heurta forcément aux limites de son matériau d’origine : trop longue, répétitive et mécanique, cette seconde franchise tourna très vite au remplissage et lassa jusqu’aux fans les plus hardcore de la saga.
Succédant à un épisode de transition décoratif, qui ne servait au fond qu’à retarder l’échéance et à reformuler les mêmes enjeux, cet épilogue surprend d’abord par sa vitesse, par le rythme furieux avec lequel il s’enclenche. Ici, plus de bavardages pontifiants ni d’éprouvantes marches à travers la Terre du Milieu : Le Hobbit – La bataille des cinq armées débute au cœur de l’action, dans un maelström de flammes et de débris provoqué par l’attaque d’un dragon suivi à la trace (numérique) par une caméra virevoltante. Au risque de la confusion, cette longue intro explosive donne le ton d’un film qui se rêve en opus magnum de la franchise, résumant in extenso ce qui aura été le grand projet de Peter Jackson : célébrer les noces de Disney et de Frank Frazetta, croiser le merveilleux pour kids et l’heroic fantasy adulte, violente, ultraspectaculaire.
De ce point de vue, le film est sans doute le plus convaincant de la saga, tant le cinéaste y retrouve le sens du grandiose et de l’efficacité qui lui faisait défaut sur les précédents épisodes. En délimitant la plupart de son action à un seul décor (la Montagne Solitaire, un royaume truffé d’or que se disputent les armées d’elfes, de nains et d’orques maléfiques), Peter Jackson fait le choix d’un pur film de siège, écrin idéal pour ses délirantes chorégraphies de batailles virtuelles dont la mise en scène évoque un hybride entre les jeux de stratégie (façon Age of Empires) et la fantasy réaliste du 13e Guerrier de John McTiernan.
Mais tout l’abattage spectaculaire du film et son inventivité plastique ne suffisent pas, encore une fois, à masquer les faiblesses d’écriture du cinéaste et, en définitive, l’inanité de sa fresque humaniste. Dès lors qu’il s’écarte du champ de bataille, le film se fait plus empesé, livré aux affects simplistes (sentimentalisme et héroïsme infantiles) de son petit conte d’initiation new-age.
Même Jackson ne semble plus y croire, et délaisse la fable édifiante pour projeter tout son intérêt sur une seule histoire : celle de Thorin, un roi déchu qui perd la raison dans sa course à la richesse et au pouvoir. Venant d’un cinéaste qui a débuté à la marge, et s’est retrouvé en quelques années au sommet de l’industrie hollywoodienne, cette fixation obsessionnelle sur un tel personnage sonnerait presque comme un avertissement. Ou un aveu d’échec.
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