A quoi tient le charme de ce film sud-africain ? Simplement au fait qu’il est sud-africain, qui induit tout le reste. Premièrement, il y a les rues de la fameuse Soweto, jamais, ou rarement vues au cinéma. Deuxièmement, il y a les langues, une marqueterie de parlers vernaculaires, dont on aimerait bien saisir les subtilités, […]
A quoi tient le charme de ce film sud-africain ? Simplement au fait qu’il est sud-africain, qui induit tout le reste. Premièrement, il y a les rues de la fameuse Soweto, jamais, ou rarement vues au cinéma. Deuxièmement, il y a les langues, une marqueterie de parlers vernaculaires, dont on aimerait bien saisir les subtilités, de l’anglais aux dialectes africains, en passant par les bribes d’afrikaans intégrées au discours. Troisièmement, il y a le contexte socio-politique : véritable lutte des classes entre blacks « blanchis » de la Rainbow Nation, élite cultivée et embourgeoisée de la génération Mandela, et habitants des townships qui restent des ghettos malgré l’abolition de l’apartheid. Quatrièmement, il y a le scénario, un peu naïf, comme ses personnages : un acteur rupin de la télé qui meurt d’envie de jouer un rôle de voyou violent dans une série à succès, mais ignore tout de la ghetto attitude, tente de s’intégrer à une bande de braqueurs de Soweto. Cinquièmement, il y a la légèreté du film qui, malgré une description réaliste de la violence, reste à hauteur d’homme et ne s’enlise jamais dans l’esbroufe complaisante du thriller américain. C’est à la fois une comédie, subdivisée en petits chapitres ludiques et pince-sans-rire, et distanciée par le rapport malaisé entre le touriste des beaux quartiers, et les gangsters, moins obtus et brutaux qu’ils le paraissent. Sixièmement, il y a le monde des Blancs, à peine esquissé, repoussoir superficiel et factice de la dure réalité de Soweto : argent facile, insouciance clinquante, intégration artificielle des Noirs, et exploitation racoleuse du cliché du voyou black par la télévision. C’est justement le contraste entre l’image caricaturale du bad guy véhiculée par la fiction, et la réalité quotidienne, beaucoup plus nuancée, de ces hors-la-loi, intègres et humains à leur façon, qui donne tout son relief au film. Septièmement, Hijack Stories est également un polar mouvementé, rondement mené. Pour une fois qu’un film social possède un arrière-plan policier très précis, vivant, réaliste, ludique mais aussi tragique, et vice-versa, on aurait tort de le négliger.
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