Il n’y a presque rien et pourtant l’essentiel est là. Une famille de saltimbanques suit une route, celle reliant l’Asie centrale à Moscou, s’arrête de temps en temps pour faire ses numéros et repart, portée par une mystérieuse énergie. On est d’emblée frappé par la manière dont Sergueï Dvortsevoy pose cette situation, car justement il […]
Il n’y a presque rien et pourtant l’essentiel est là. Une famille de saltimbanques suit une route, celle reliant l’Asie centrale à Moscou, s’arrête de temps en temps pour faire ses numéros et repart, portée par une mystérieuse énergie. On est d’emblée frappé par la manière dont Sergueï Dvortsevoy pose cette situation, car justement il semble ne rien poser du tout, et n’aborder aucunement cette famille en terme de situation.
Un plan fixe d’une route vide, l’attente, et leur maison sur roues qui passe, dérisoire, et le vide à nouveau. Tout est dit : il ne s’agit pas de suivre cette famille à la trace mais de la regarder passer. Il n’y a pas d’autre histoire à raconter que celle de leur propre résistance au changement, donc au temps, et l’affirmation de leur présence dans ces roulements fébriles qui rythment leur vie : roulements de tambours qui précèdent leurs prestations, à la fois mises à l’épreuve de leurs corps (l’un donne les coups, l’autre les encaissent), et constat que leur force se situe dans leur union ; mais aussi le grondement du moteur qui, après de nombreuses relances, se décide toujours à se mettre en route. Highway est la subtile captation d’un état de choses qui échappe à tout enfermement descriptif, jamais figé, jamais tendu vers un acheminement : on est à la fois dans le mouvement et la répétition, le mouvement de la répétition, tel est leur rythme de vie (la route, les représentations, les prières), telle est leur force. Il serait dommage de passer à côté.
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