Présenté à la Semaine de la critique à Cannes, ce sublime film court est disponible à partir du 8 septembre sur MUBI.
“Je suis hideux (…) je suis down et sanglant. Mais je n’ai pas l’impression d’avoir été malchanceux, j’ai des gens dans ma vie qui m’aiment vraiment”, chante Oliver Sim d’une voix d’outre-tombe. Le single Hideous, extrait de son nouvel album, s’entend, s’écoute et s’éprouve dans le dernier tiers du film du même nom, signé Yann Gonzalez.
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C’est en admirateur, que l’ancien leader de The XX a entamé avec le cinéaste français une relation épistolaire avant d’oser lui proposer une collaboration pour que ce dernier mette en lumière les premiers titres de son album solo. Le résultat est un somptueux film court de vingt minutes dans lequel s’agitent deux sensibilités intimement reliées par la culture queer, le camp, le cinéma de genre et quelque chose d’un alliage entre Peau d’âne, De Palma et Freddy les Griffes de la nuit, le tout balancé ici dans un décor de télé-crochet eighties.
Dans un jardin queer extraordinaire
Avec Hideous, Gonzalez réalise bien plus qu’une mise en image promotionnelle pop, vintage et pailletée d’un album à venir. Dans cette rêverie cauchemardesque, il livre un récit de l’intime et de soi, des infimes projections et variations d’un “je” d’ordinaire contrarié, et ici libéré. Le récit bouleversant d’une enfance et d’un être au monde queer. Oliver Sim aura beau chanter qu’il est hideux ou moche, qu’il se glisse dans la peau d’un jeune artiste talentueux ou se fond dans les écailles verdoyantes d’un monstre, il est en vérité sublime. Par cette remise en perspective, par ce changement de paradigme, cette profusion de beauté qui irradie à chaque instant, Hideous se transforme en un éloge amoureux du freak, du déviant.
Sim y dévoile sa séropositivité, tandis qu’à la fin, son alter ego monstrueusement beau finit par triompher face à ses détracteurs avant de se perdre dans les dédales envoûtants d’un jardin extraordinaire où se mêlent différents corps. De cette célébration composée en trois actes naît une image, celle qui a manqué à Sim, à Gonzalez, et à plein d’autres, celle de deux hommes qui s’embrassent à la télévision. Elle est ici regardée par les yeux d’un petit garçon ému qui nous rappelle l’enfant Rupert Turner, fan amoureux, cinéphile et fou de joie devant son petit écran dans Ma vie avec John F. Donovan de Xavier Dolan.
Hideous de Yann Gonzalez, le 8 septembre sur Mubi
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