Entre la parodie régressive et le grand spectacle épique, Brett Ratner tente de dépoussiérer le mythe du héros grec dans un blockbuster boiteux.
Le sujet
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Et si le plus célèbre héros de la mythologie grecque n’était en réalité qu’une imposture ? Si la légende de ce demi-dieu, proclamé fils de Zeus, n’était qu’une simple invention destinée à calmer les peuples ? Si les fameux douze travaux, les hydres à cinq têtes et autres monstres fantastiques n’avaient jamais existé ?
C’est le prometteur pari d’Hercule, le nouveau film de l’inégal Brett Ratner (Rush Hour, X-Men – L’affrontement final), librement inspiré d’un comic de Steve Moore, qui s’inscrit dans la tendance postmoderne des récits de superhéros façon Watchmen ou Les Indestructibles. Ici, Hercule n’est donc plus le mythe flamboyant des péplums sixties, mais un simple mercenaire, un homme mortel, faillible, entouré d’une troupe de soldats et d’un conteur qui entretiennent sa légende. De mission en mission, Brett Ratner décrit l’errance de ce guerrier ordinaire, qui découvrira peu à peu sa vraie nature de héros.
Le souci
Partant de cette belle idée iconoclaste, deux options s’offraient au cinéaste : l’une dramatique, qui consistait à raconter la tragédie d’Hercule, son humanité contrariée ; l’autre parodique, dessinant le portrait pathétique d’une légende de pacotille. Brett Ratner ne choisira jamais entre ces deux possibles, alternant sans cesse les genres et les tonalités : ici un peu d’action, mise en scène avec une certaine ampleur à défaut de violence graphique, là quelques blagues régressives ou digressions mélo purement décoratives.
Entre ses rêves de grandeur épique, clairement inspirés par le sérieux du cinéma old-school de John Milius, et sa volonté de se conformer aux nouveaux codes Marvel (vitesse et second degré), Brett Ratner invente au fond une sorte de blockbuster hybride ; un film sans âge, à la fois ultracontemporain et archaïque, dont la grande limite est de ne jamais savoir à qui il s’adresse.
Le symptôme
La décontraction avec laquelle Rattner mène son projet constitue le charme paradoxal du film, son héroïsme pop, sa manière cavalière de prendre à rebours la nouvelle mode de la fantasy adulte et officielle. Hercule, c’est un peu l’anti-Game of Thrones : un retour à la fantasy ludique et un peu naïve, qui privilégie les exploits plastiques (filmer des monstres délirants, des armes scintillantes, des corps farouchement érotisés) plutôt que les intrigues complexes et la gravité sentencieuse de la série phare de HBO.
Et personne d’autre que Dwayne Johnson ne pouvait mieux incarner cet état de légèreté : à la fois souple et hypermassif, inquiétant et malicieux, il fait d’Hercule un personnage irrésistible de héros burlesque, rendant au passage le plus bel hommage à son aîné et modèle Schwarzy.
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