La descente aux enfers d’une rock star que le réalisateur enferme de manière assez cruelle.
Dans Queen of Earth (2015), Alex Ross Perry plaçait son actrice dans une cage de verre champêtre et mentale (une luxueuse maison au bord de l’eau) pour sonder, à l’aide d’une caméra oppressante, la psyché fragile d’une fille au cœur brisé. Quatre ans plus tard, Elisabeth Moss (la June de The Handmaid’s Tale), dont les rôles successifs l’ont intronisée souffre-douleur favori d’un certain ciné indé US, retrouve le réalisateur de Listen Up Philip, et par là même une nouvelle geôle.
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A l’inquiétant calme de la demeure succèdent les coulisses d’une salle de concert, dans lesquelles Becky Something se débat violemment. Lâchée dans ce labyrinthe poisseux, la rock star est épiée comme un rat de labo. Pour mimer la torpeur grandissante de ce pantin en crise, Moss, yeux gorgés de larmes et sourire imprimé, enchaîne les poses à la cadence d’une sportive de haut niveau à bout de souffle.
Dans ce nouveau survival movie, Alex Ross Perry radicalise son dispositif, et cette fois-ci rien ne semble pouvoir infiltrer les parois épaisses de cette chambre capitonnée. Le film donne alors le sentiment d’une performance grotesque, harassante, destinée à exhiber la virtuosité toute maniérée d’un dispositif (prises de vues épileptiques) et les prouesses d’un programme (une actrice, un lieu) aussi clinquant et vain que cruel.
Her Smell d’Alex Ross Perry, avec Elisabeth Moss, Cara Delevingne, Dan Stevens, Agyness Deyn (E.-U., 2019, 2h14)
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