L’actrice-réalisatrice aux commandes d’une indigente love story en France profonde.
Le Nord-Pas-de-Calais, son ciel menaçant, ses villages dépeuplés et ses petits bars-tabacs sinistres où survivent quelques bonnes âmes alcoolisées. C’est le décor naturaliste d’Henri, le nouveau film de l’actrice et réalisatrice Yolande Moreau (neuf ans après Quand la mer monte, réalisé avec Gilles Porte), qui décrit par le menu les amours compliquées d’un veuf grincheux (Pippo Delbono) et d’une jeune femme déficiente mentale (Miss Ming), de leur rencontre à leurs premiers émois sexuels.
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Dans la lignée évidente des films du tandem Delépine-Kerven, dans lesquels Yolande Moreau a souvent joué, Henri renoue avec l’imaginaire un peu usé du Groland – entre la fibre documentaire de Depardon et la fantaisie de Kaurismäki – dont il ne retient qu’un folklore décoratif, une sorte de poésie des marges artificielle.
Il y a certes chez Yolande Moreau la volonté manifeste d’afficher une bonne distance et un refus du pathos, de ne surtout pas taire les imperfections de ses personnages ; mais cette réserve semble elle-même soumise à un pur calcul : tout, ici, dérive en chromo compatissant, et aucun conflit ne résiste aux bons sentiments. Si bien que l’on finit par s’interroger : que vient chercher le film dans ces images très complaisantes de la réalité prolétaire, sinon la preuve racoleuse de sa propre bonté ?
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