A travers les images et les mots, l’artiste américaine envisage avec poésie les notions de deuil et d’altération.
La mort de son chien, un rat terrier baptisé Lolabelle, est le point de départ de ce film-essai de la musicienne, vidéaste et performeuse américaine Laurie Anderson, auteure du légendaire morceau O Superman en 1981. A l’image de Michel Houellebecq dans son exposition Rester vivant, ode à Clément, son corgi disparu, et de Sophie Calle avec Souris Calle, album hommage à la mort de son chat Souris, le décès d’un animal de compagnie entraîne ici une passionnante réflexion sur l’existence, celle de l’animal, mais aussi celle de son maître et même la nôtre, au sens global du terme.
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“Toute histoire d’amour est une histoire de fantôme » cette phrase signée David Foster Wallace est placée au cœur du film. Les spectres aimés jalonnent Heart of a Dog. Comment Laurie Anderson les invoque-t-elle ? D’abord par l’image – home videos réalisées à l’iPhone, images griffées, surimprimées, floues, distordues –, mais aussi par la voix off. En plus de Lolabelle, il y est question de la mère de Laurie Anderson et de son compagnon Lou Reed. Deuil des proches mais également d’une société américaine en pleine mutation (post-attentat, surveillance, numérisation du monde). Cette façon de relier trivialité intime et problématiques globales, comme les deux extrémités d’un monde devenu indéchiffrable et comme seule forme possible du récit de ce monde, confère une force poétique toute contemporaine.
Heart of a dog de Laurie anderson (E.-U., Fr.,2015, 1h15)
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