A l’orée du 70e anniversaire de la reddition du Japon, scellant la meurtrière guerre du Pacifique, le Premier ministre nippon Shinzo Abe a signifié qu’il donnerait un discours n’entachant pas l’honneur de son pays et ne se confondrait pas, de fait, dans d’éternelles excuses. Ancrés dans une démarche pacifiste, les discours commémoratifs sont traditionnellement adressés […]
Hayao Miyazaki, le maître japonais de l’animation, a vivement critiqué les récentes déclarations nationalistes et militaristes de Shinzo Abe, le Premier ministre nippon.
A l’orée du 70e anniversaire de la reddition du Japon, scellant la meurtrière guerre du Pacifique, le Premier ministre nippon Shinzo Abe a signifié qu’il donnerait un discours n’entachant pas l’honneur de son pays et ne se confondrait pas, de fait, dans d’éternelles excuses. Ancrés dans une démarche pacifiste, les discours commémoratifs sont traditionnellement adressés aux victimes de l’impérialisme japonais.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
La perspective d’une bascule nationaliste et militariste a provoqué l’ire de Hayao Miyazaki. Le maître japonais de l’animation s’est adressé, lundi 13 juillet, à des journalistes internationaux au Club de la presse étrangère de Tokyo. Il n’a cessé de rappeler l’importance de garder le cap d’un horizon pacifique dans un pays plusieurs fois traversé par une politique agressive et belliqueuse.
“Le Japon doit exprimer ses remords”
La démilitarisation du Japon dans l’après-guerre et la reconnaissance de ses torts sont, selon Miyazaki, les ferments d’une politique apaisée, tournée vers le pacifisme et nourrie par de profonds remords. Les ambitions de Shinzo Abe, qui projette notamment de faire sauter les réformes constitutionnelles empêchant l’armée japonaise d’intervenir à l’étranger sont, d’après lui, nocives et « stupides ».
« Nous devons cesser de chercher des justifications à ce qui s’est passé avant 1945 et nous en tenir à des principes . Il y a des choses à ne jamais reproduire. […] Le Japon doit exprimer ses remords pour sa longue période d’activités militaristes en Chine, c’est le devoir des hommes politiques même si beaucoup d’entre eux souhaiteraient oublier ce passé. »
Sa filmographie, largement nourrie par des thématiques pacifistes et antimilitaristes, s’était achevée l’an dernier avec Le vent se lève. Le film raconte les conflits intérieurs de Jiro Horikoshi, ingénieur en aéronautique à l’origine du Mitsubichi A6M. Fleuron de l’aviation de guerre japonaise, l’engin fut abondamment utilisé lors de la Seconde Guerre mondiale, et notamment durant l’attaque de Pearl Harbor. Laissant le conflit hors champ, Le vent se lève est traversé par une profonde mélancolie et hanté par l’ombre de la guerre, esthétisée dans des visions hypnotiques comme l’annihilation de tout espoir, et la réfutation des grands rêves de l’Homme.
http://www.youtube.com/watch?v=LVB5RUHYkzk
Hayao Miyazaki avait pris sa retraite à l’issue de la sortie du long métrage, achevant ainsi sa riche carrière avec son film le plus sombre et le plus préoccupé. En vieux sage nous gratifiant d’un précieux adage, le cinéaste a a rappelé que « le passé est la seule boussole pour nous orienter dans l’avenir ».
{"type":"Banniere-Basse"}