Une comédie corrosive autour de deux types juste normaux laissés à la porte par l’Amérique wasp.
Le simple fait qu’un film américain puisse porter un tel titre et, de surcroît, faire des entrées au box-office, devrait rassurer sur l’état de santé intellectuel du pays, après huit années d’apnée dans un trou noir politique. Avant de s’évader de Guantanamo, Harold et Kumar, dont c’est la seconde aventure cinématographique, n’avaient qu’un rêve : dévorer des burgers à White Castle (marque américaine de fast-food). C’est ainsi qu’en 2004 on découvrait Harold and Kumar go to White Castle et ses deux colocs rigolos – le Coréen studieux et l’Indien dévergondé –, hilarant stoner movie et charge féroce contre l’Amérique bushiste et ses hordes white trash (malheureusement inédit en France). Minorité dans la minorité (i.e. ni black ni latino), H & K sont une anomalie du fait de leur normalité, un insolent démenti à la sociologie de comptoir liant immigration et problème : juste deux types normaux, analyste financier et aspirant médecin, qui fument des joints et rêvent de flirter avec la girl next door. C’est cette quête de la conformité, empêchée par une Amérique wasp jalouse de ses prérogatives, que symbolisait White Castle – nom évidemment pas choisi par hasard ; Guantanamo en est l’envers en même temps que la suite logique, résultat de quatre années supplémentaires de war on terror et bretzels. Le film commence ainsi là où le précédent s’arrêtait – il n’est pas vital de l’avoir vu toutefois –, alors que les deux héros s’apprêtaient à rejoindre par avion une fille à Amsterdam. Un malheureux bang confondu avec une bombe, deux faciès étranges et un flic retors, c’en est assez pour enfiler le pantalon orange…
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Jouant sa partition d’After Hours décontracté, le film enchaîne les gags corrosifs (plane ici l’esprit de South Park) avec une efficacité redoutable, malgré quelques faiblesses scénaristiques et une dernière demi-heure moins réussie, affligeante même, lorsque Bush y est figuré comme un brave type manipulé par son entourage. Une question dès lors nous taraude : à quand une comédie française aussi subversive sur le centre de rétention de Vincennes ? En 2012, peut-être…
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