Pedro, la vingtaine, s’exhibe devant sa webcam pour gagner sa vie. Un portrait délicat et pop signé Filipe Matzembacher et Marcio Reolon qui saisit les violences de la société brésilienne.
C’est l’histoire d’une double vie. L’une virtuelle, l’autre réelle, l’une éclairée et l’autre éteinte, jusqu’au jour où les deux se confondent. Depuis son exclusion de l’université, Pedro, un jeune homme aux traits botticelliens, s’enferme dans son petit studio de Porto Alegre.
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Barricadé dans son bunker, lorsque Pedro allume sa webcam, il s’allume à son tour et devient Garçon Néon, un camboy ou plutôt une guirlande mouvante et sensuelle que l’on paie pour se dévêtir. Orphelin esseulé dans la ville brésilienne, c’est durant ses shows tout en néons et peintures fluo qui maculent son torse que le garçon maquille le réel sinistre et s’évade pour quelques heures.
Sous ses airs de bonbon acidulé 2.0, coloré et pop, Hard Paint ne cache pourtant pas la noirceur d’un pays qu’il filme comme un cimetière géant
Mais plutôt que d’opposer virtuel et réel, Hard Paint unit ces deux réalités, et c’est l’une de plus belles idées du film. Le jeune homme a besoin des deux pour vivre, et c’est peut-être ça sa nature profonde : un être hybride, fait autant de pixels que de chair. Sous ses airs de bonbon acidulé 2.0, coloré et pop comme les premiers films de Xavier Dolan, Hard Paint ne cache pourtant pas la noirceur d’un pays qu’il filme comme un cimetière géant qui engloutit les âmes de ceux qui ne l’auraient pas fui à temps. Une vision sombre mais jamais désespérée. Au fond, le film nous invite à un rêve : celui qu’à force de briller Pedro et son avatar pourront enfin se faire la malle, comme une étoile dans la nuit.
Hard Paint de Filipe Matzembacher et Marcio Reolon, avec Shico Menegat, Bruno Fernandes, Guega Peixoto (Bré., 2018, 1 h 58)
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