Echangisme dans la campagne norvégienne. Une comédie pas légère.
On commence à bien connaître la recette éprouvée et bien maîtrisée– burlesque à froid et alcoolisé – des comédies des pays nordiques. Happy, Happy fonctionne sur la symétrie : un couple de citadins propres sur eux s’installe dans la campagne norvégienne et fait la connaissance de ses voisins au même profil, mais plus fracturé. Elle est très, trop gentille, et son mari aime un peu trop les parties de chasse entre hommes. Deux univers s’entrechoquent sur fond d’échangisme, de disputes et de révélations.
Ça n’a l’air de rien, mais l’humour nordique a le bon tempo pour faire passer en douceur une fellation express en cuisine, entre la poire et le fromage. Happy, Happy fonctionne grâce à l’abattage de son actrice principale Agnes Kittelsen (une sorte de Zara White loufoque), moins sur son scénario calibré sur le mode de l’acceptation de soi. Mais preuve qu’il y a bien une touche nordique : un running gag où le gosse campagnard joue au négrier et à l’esclave avec le gamin citadin d’origine éthiopienne. Le genre de blague presque impossible aux Etats-Unis ou en France.
Léo Soesanto