Quelques jours dans la vie d’une jeune mère célibataire malgache. Une fiction épurée qui puise avec talent dans le documentaire.
Haingosoa est un film à double vitesse. Son intrigue se déplie comme un jeu de dominos : une situation initiale (une jeune mère sans argent ne peut payer la scolarité de sa fille) provoque un basculement (elle quitte le sud de Madagascar et l’emprise familiale pour rejoindre une compagnie de danse à Tananarive, la capitale). Viennent ensuite de petits obstacles et des rencontres (un prof tyrannique, un coéquipier peut-être amoureux ?), et déjà le film se referme sur une heureuse résolution.
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Filmer ces petites choses du quotidien
La simplicité et la rapidité avec lesquelles les faits sont exposés et l’épreuve dénouée n’ont rien d’une négligence. Il faut peut-être, au contraire, considérer cette fiction tricotée avec trois fois rien (une épure qui permet au film de jongler avec une belle insouciance du réalisme social au teen movie) comme une ruse pour nous attirer vers un autre espace-temps. Haingosoa n’est alors plus guidé par un fil narratif mais par un unique désir documentaire.
Voilà donc un film qui prend son temps, patient et doué pour filmer ces petites choses du quotidien (une scène de repas, d’entraînement de danse, de simple échange). Pas étonnant qu’il soit né d’une véritable rencontre entre la novice Haingosoa Vola (qui, sous nos yeux, devient une actrice talentueuse) et Edouard Joubeaud. Un réalisateur dont c’est le premier long métrage, il y a trente ans Jacques Demy enfant dans Jacquot de Nantes, peut-être marqué à jamais par l’expérience Varda et son goût pour l’hybridation des registres.
Haingosoa d’Edouard Joubeaud avec Haingosoa Vola, Marina Amagoa, Remanindry (Fr., 2019,1 h 12)
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