Retour sur la carrière très indie (mais pas que) de l’irrésistible interprète de Frances Ha de Noah Baumbach, en salles depuis le 3 juillet.
À l’affiche du nouveau film de Noah Baumbach (scénariste de Wes Anderson qui est également son compagnon), l’actrice de 29 ans est au centre de toutes les attentions. En sept ans de carrière sans faux pas (ou presque : elle a quand même joué dans Sex Friends), elle a su imposer une grâce goofy saisissante qui préfigure une carrière à suivre de très près, au moment où Hollywood commence à lui accorder ses faveurs.
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Baghead de Jay et Mark Duplass
Entrée par la petite porte du cinéma indépendant américain avec un second rôle dans LOL de Joe Swanberg, Greta devient dès 2008 l’ambassadrice du mouvement mumblecore, sous lequel se rassemble un florilège de films fauchés, bercés par l’héritage de John Cassavetes, vaste enluminure très artisanale de l’errance estudiantine représentée par les Safdie brothers (The Pleasure of Being Robbed), Andrew Bujalski (Funny Ha Ha) ou encore les frères Duplass, dont ce Baghead offre à Gerwig son tout premier rôle principal. Né d’une blague, le film se veut une parodie de slasher où quatre amis viennent s’isoler dans une cabane pour écrire un scénario sur un homme coiffé d’un sac en papier apparaissant mystérieusement aux fenêtres, tandis que le phénomène commence à se produire réellement autour d’eux et semer la panique.
Nights and Weekends, Joe Swanberg & Greta Gerwig
http://www.youtube.com/watch?v=HAIl5hz60ZU
C’est avec Joe Swanberg que Greta connaît pour la première fois un début de renommée, Hannah Takes the Stairs étant très bien accueilli par la presse. Elle enchaîne donc avec ce dernier en se mettant pour la première (et à ce jour unique) fois à la réalisation. Nights and Weekends suit le cours d’une relation à distance entre Chicago et New York, coupée par une ellipse d’un an. La saveur particulière du film réside certainement dans la sourde tension qui anime chaque scène, noyau de compromission enfoui en permanence chez les deux amants, en dépit du canevas très duveteux du film. Joe Swanberg joue lui-même le boyfriend de Greta Gerwig dans cette authentique pépite.
The House of the Devil, Ti West
http://www.youtube.com/watch?v=6SOur3WwZvM
Alors que l’industrie commence à lui faire les yeux doux, Greta Gerwig décroche le rôle de la meilleure copine dans The House of the Devil de Ti West, curieux film d’horreur empesé par son très envahissant hommage à John Carpenter. Ti West joue à fond la carte de la référence vintage, et conçoit son film comme une sorte de muséification du style emblématique de l’auteur d’Halloween. Le charme mutin de Gerwig ne décline pas pour autant dans ce genre tout à fait étranger pour elle, et l’actrice parvient malgré tout à électriser les quelques scènes qui la mettent en avant.
Greenberg, Noah Baumbach
Première collaboration avec le réalisateur qui deviendra son compagnon, Greenberg voit la comédienne voler littéralement la vedette à un Ben Stiller pourtant aguerri aux rôles de quadra déboussolé. Un peu téléguidé dans sa tonalité indé, le film détient certainement son plus vibrant atout en la personne de Greta : personne n’a pu oublier sa façon de dynamiter son rôle féminin plutôt lisse pour y incorporer une solidité maternelle, qui couve savoureusement l’oiseau tombé du nid incarné par Ben Stiller.
Damsels in Distress, Whit Stillman
Pour son retour très attendu treize ans après Les Derniers Jours du Disco, Whit Stillman avait pensé un temps s’adresser à Lena Dunham, qui s’était avérée trop prise par la préparation de Girls. Il se tourne finalement vers Greta Gerwig pour interpréter Violet, le rôle principal de cette comédie féminine solaire et très rétro, où quatre amies un rien psychorigides s’évertuent à ramener dans l’esprit de la jeunesse fangeuse et déprimée du college un peu de noblesse d’âme, de doux vivre ensemble, ou ne serait-ce qu’un minimum de propreté.
Dans la série des réalisateurs confirmés, Gerwig sera approchée par rien de moins que Woody Allen qui lui offre un petit rôle dans To Rome With Love. L’apparition n’est pas anodine, car Frances Ha, à l’affiche depuis mercredi, préfigure chez Noah Baumbach et sa déjà incontournable muse une indéniable filiation au maître de la comédie new-yorkaise, de Annie Hall à Manhattan.
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