“Godard/Machines” nous replonge dans l’œuvre de JLG par le biais des diverses “machines” employées ou mises en scène au fil de sa filmographie.
Une belle idée que cet ouvrage collectif richement illustré, intelligent et stimulant : revoir le cinéma de Jean-Luc Godard à l’aune des multiples machines. De la machine de cinéma, d’abord, que Godard a beaucoup filmée : les nombreuses caméras qu’il filme (dont la plus emblématique est évidemment celle du générique du Mépris), les tables de montage (devant lesquelles il se met souvent en scène en artiste-ermite, seul avec sa création et son gros cigare), la pellicule, les bandes magnétiques de la vidéo, etc.
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Sans parler de la conception de la mythique caméra “de poche” qu’il avait commandée au début des années 1980 à Jean-Pierre Beauviala, l’ingénieur fondateur de la société Aaton, invention dont les Cahiers du cinéma avaient suivi attentivement l’évolution.
Et puis les machines qui ne sont pas de cinéma. Comme les voitures, évidemment, que l’on retrouve avec constance dans son œuvre, à la fois objets de fascination, triomphe du capitalisme, aspiration au voyage, mais aussi emblème de la société de consommation.
Les machines sont souvent doubles
Godard est toujours à la fois poétique et politique. Les machines sont souvent doubles, comme ce gros appareil de radio que l’oncle Jean (que joue Godard dans Prénom Carmen) porte sur son épaule comme un rappeur de New York et qu’il désigne comme sa “nouvelle caméra”… Godard aura aussi beaucoup filmé les cafés, ces endroits pleins de machines et tout à la fois forums, laboratoires de pensée, lieux où l’on se dit “je t’aime” et où l’on danse au son des juke-box – encore des machines –, etc.
Voilà le livre galvanisant que nous proposent Antoine de Baecque et Gilles Mouëllic, assistés par des “machinistes” de qualité et spécialistes de Godard : Alain Bergala, Dominique Païni, Marcos Uzal, etc.
Godard/Machines sous la direction d’Antoine de Baecque et de Gilles Mouëllic Collection (Yellow Now), 264 p., 24 €
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