Le cinéaste se serait lancé dans l’adaptation du livre Les Disparus de Daniel Mendelsohn. Une annonce qui fait grand bruit dans les médias, relançant la polémique autour des propos antisémites de Jean-Luc Godard.
Souvent accusé d’antisémitisme, Jean-Luc Godard chercherait-il à faire taire la rumeur ? Il y a deux semaines, The Hollywood Reporter annonçait que le cinéaste pourrait porter à l’écran le best-seller Les Disparus de Daniel Mendelsohn. Prix Médicis du roman étranger en 2007, le livre retrace l’enquête de son auteur, qui s’interroge sur l’histoire de sa famille durant l’Holocauste en Pologne.
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Il n’en fallait pas plus pour relancer la polémique dans les médias. Au cœur du débat, un article de Pierre Assouline, étonné par un tel projet. Sur son blog du Monde, le 8 juin, il écrit : « Il se trouve que Jean-Luc Godard traîne de longue date une réputation d’antisémite (le site Ralentir travaux a même mis en ligne un dossier très fourni pour s’inscrire en faux contre cette idée). Cela se dit mais ne s’écrit guère. Jusqu’à une récente et très complète biographie que lui a consacré Richard Brody, Everything is cinema. The working life of Jean-Luc Godard. […] On est amené à conclure que, s’il n’est pas antisémite, il a du moins un problème chronique avec les Juifs ».
Le livre, qui n’est pas encore paru en France, s’appuie sur des déclarations du réalisateur – et revient notamment sur la dispute avec Truffaut lorsqu’il qualifia le producteur Pierre Braunberger de « sale juif ». L’auteur, Richard Brody, s’exprime d’ailleurs sur l’adaptation des Disparus dans le New-Yorker (il y est également journaliste) et ne s’étonne pas outre-mesure : « Aucun réalisateur n’a fait de l’Holocauste un thème aussi constant et sérieux que Godard ; et son approche du sujet (en fait, de l’Histoire en général) a été de rechercher des traces – cinématographiques, politiques, émotionnelles, personnelles – de l’Holocauste dans le monde contemporain ». En revanche, ailleurs, la presse internationale semble surprise par le projet, à l’image du Corriere della Sera en Italie : « D’abord, le cinéaste franco-suisse de la Nouvelle vague marquerait ainsi une rupture technique et artistique avec quarante ans d’un cinéma d’auteur, existentiel et intimiste. Ensuite, on prête à Godard des penchants antisémites« .
Mais l’auteur des Disparus, Daniel Mendelsohn, vient défendre en personne le réalisateur (dans une interview sur le blog de Pierre Assouline) : « Vraiment, j’ai confiance. Vous savez, j’ai vu l’exemplaire de mon livre appartenant à Godard. Chaque page est annotée, il y a des post-it partout, il l’a vraiment épluché. Je crois que son côté talmudique lui a plu. Au fond, il l’a lu comme un rabbin ! Et pour moi, en tant qu’auteur de ce livre, ça suffit ». En 1998, un autre écrivain, Bernard-Henri Lévy, le qualifiait d’« antisémite qui essaye de se soigner »… Aux yeux de ceux qui l’accusent, Les Disparus fera-t-il office de film-cure pour Godard ?
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