Ressortie du film culte du cultissime Nico Papatakis dans une version remontée et raccourcie. Un brulôt contre la torture qui a pris quelques rides.Pour ceux qui, comme moi avant d’assister à la projection de Gloria Mundi, ne connaîtraient pas son auteur, Nico Papatakis, une petite mise en bouche biographique s’impose. D’abord parce que le parcours […]
Ressortie du film culte du cultissime Nico Papatakis dans une version remontée et raccourcie. Un brulôt contre la torture qui a pris quelques rides.
Pour ceux qui, comme moi avant d’assister à la projection de Gloria Mundi, ne connaîtraient pas son auteur, Nico Papatakis, une petite mise en bouche biographique s’impose. D’abord parce que le parcours étonnant du cinéaste qui donna à l’égérie sixties Nico son prénom pourrait à lui tout seul faire l’objet d’un film, et surtout parce qu’il apporte un précieux éclairage sur ce brûlot de 1975, qui ressort aujourd’hui sur les écrans raccourci d’une demi-heure.
Il semblerait que cet homme né en Ethiopie de parents grecs soit tombé dès la naissance dans une marmite politique explosive, qui le place tout jeune sur le front éthiopien face aux troupes du Duce, avant que son exil à Paris le plonge dans un bain littéraire engagé qui l’amène à côtoyer Jean-Paul Sartre et André Breton. Il devient l’ami de Jean Genet, dont il produit Un chant d’amour et adapte, pour son premier film, Les Bonnes, après un détour à New York où il aide John Cassavetes à finir Shadows.
C’est auréolé de cet intrigant vécu que le film nous arrive, et entre autres à cause de cela qu’il déçoit un peu, apparaissant finalement comme refroidi après les années écoulées, alors que l’on imagine l’onde de choc qu’il dut provoquer à l’époque. L’argument politique concerne la torture et sa déclinaison à travers différents types de rapports humains et sociaux, et notamment ceux qui se nouent au sein même des rouages cinématographiques. Le point de départ reste sans doute l’élément le plus intéressant du film puisqu’il s’agit de questionner la possibilité même de représenter la torture, avec comme point de référence le traumatisme de la guerre d’Algérie. Pour cela, Papatakis choisit de partir d’une actrice (en l’occurrence sa femme, Olga Karlatos, bluffante) et de sa difficulté à exprimer l’horreur éprouvée par le personnage, victime de tortures, qu’elle incarne dans le film de son mari.
C’est dans ses propositions de réponses que le film ne convainc pas toujours. Un peu trop porté sur la surenchère théâtrale, Papatakis noie le cœur de son propos dans des démonstrations souvent volontaristes prenant d’assaut le spectateur et lui mettant presque le couteau sous la gorge, ce qui n’est pas forcément le meilleur moyen de dénoncer l’abus de pouvoir.
La démarche de Papatakis, par son implication dans les luttes du tiers-monde, est loin de nous laisser indifférent, et véhicule divers éléments de réflexion, mais elle aurait sans doute été plus percutante si ses mises en abyme avaient inclus le personnage même du réalisateur, brillant ici par une étrange absence.
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