Sebastián Lelio filme le portrait essoré d’une cinquantenaire fêtarde en mal d’amour.
A plusieurs reprises déjà, Sebastián Lelio a su enregistrer avec un grand panache des états féminins extrêmes, électrons libres et turbulents en butte à des systèmes de valeurs traditionnels. Citons Une femme fantastique, parcours accidenté d’une femme trans, et Désobeissance, romance lesbienne dans le milieu juif orthodoxe.
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Remake américain d’un de ses premiers films chiliens (Gloria, 2013), Gloria Bell narre les tribulations festives et sentimentales d’une cinquantenaire qui refuse de vieillir et de se conformer à la vie normée des gens de son âge. Si l’original parvenait à peindre un portrait tendre et acide grâce à son interprète, Paulina García, cette redite ressemble cette fois-ci à un cadeau fait à Julianne Moore qui se retourne contre elle.
Une rengaine peu inspirée
D’abord parce que l’actrice “fait” incroyablement jeune, et ses taches de rousseur juvéniles jumelées à ses moues de petite fille peinent à incarner l’effarement d’un entre deux âges, gommant sous les fards d’une technicité d’acteur les doutes existentiels passant par le corps de son personnage.
L’émotion manque, et le film nous perd par la suite dans les atermoiements d’une amourette avec un homme divorcé (John Turturro) qui n’en finit pas de s’éteindre et de se rallumer. On pourra nous rétorquer que l’enfer d’une époque de la vie consiste peut-être en son indécision, ce flou permanent, mais l’absence de ligne claire évoque surtout une rengaine singulièrement peu inspirée et tournée peut-être pour de mauvaises raisons.
Gloria Bell de Sebastián Lelio avec Julianne Moore et John Turturro (E.-U., 2018, 1h41)
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