Gladiator est un film de gladiateurs, et cette information seule réveille déjà la nostalgie des cinéphiles traumatisés par La Révolte des gladiateurs de Cottafavi ou Spartacus de Kubrick. Gladiator ne vole pas le spectateur, côtés logistique guerrière et débauche d’armures et de tridents. Ne rien attendre d’un cinéaste, Ridley Scott, ne nous met pas à […]
Gladiator est un film de gladiateurs, et cette information seule réveille déjà la nostalgie des cinéphiles traumatisés par La Révolte des gladiateurs de Cottafavi ou Spartacus de Kubrick. Gladiator ne vole pas le spectateur, côtés logistique guerrière et débauche d’armures et de tridents. Ne rien attendre d’un cinéaste, Ridley Scott, ne nous met pas à l’abri d’une bonne surprise. Sans prétendre au chef-d’œuvre, Gladiator a la bonne idée de ressusciter un genre effacé des écrans depuis les années 60, si l’on excepte quelques marginales productions en toges (Caligula de Tinto Brass, La Mort d’Empédocle des Straub). Ce blockbuster très spectaculaire, qui se déroule de la fin du règne de l’empereur Marc Aurèle (180) à celui de Commode (192), respecte la véracité historique, même s’il prend des libertés avec les événements réels. L’injection d’un héros fictif, Maximus, le général devenu gladiateur, permet au scénariste d’infléchir le cours de l’Histoire. C’est d’autant plus malin que le règne de Commode demeure méconnu et fut infesté de trahisons alimentées par la folie de l’empereur. Ainsi, rien ne prouve que Commode ait tué son père Marc Aurèle, mais il fut bien victime d’une conspiration ourdie par sa sœur Lucilla. En revanche, Commode, qui s’était autoproclamé « premier des gladiateurs », n’est pas mort dans l’arène mais empoisonné et étranglé sous les ordres d’une de ses maîtresses. Ridley Scott ne renonce pas à l’esthétisme chichiteux et aux effets factices. Les techniciens des effets spéciaux ont eu le bon goût de ne pas numériser les bêtes féroces et nos héros engagent de vigoureux corps à corps, avec de véritables descentes de lit tigrées. Mais les scènes de batailles et de combats sont alourdies par des procédés d’altération de la vitesse des images qui renvoient au débarquement spielbergien. Comme chacun sait, la déréalisation nuit au cinéma, et l’hallucinante authenticité de la direction artistique est couplée à de larges plans d’ensemble de Rome, évidemment virtuels. Schizophrène, le film doit sa réussite à deux facteurs non négligeables qui font paradoxalement défaut à la plupart des superproductions actuelles : une histoire taillée dans le marbre (malgré des incartades new-age) et des acteurs convaincants. Métamorphosé, Russell Crowe apporte une incroyable épaisseur à son personnage.
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