Un des cinéastes les plus épris de rock évoque les mythiques Stooges dans un style curieusement assez peu personnel.
Jarmusch et les Stooges, voilà le genre d’association dont on rêvait et qui porte le sceau de l’évidence. Comment ne pas avoir envie que les princes du heavy metal sans concession soient filmés et racontés par le marquis du ciné indé US ?
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La rencontre Jarmusch-Iggy avait d’ailleurs déjà eu lieu au cours des variations Coffee and Cigarettes (2003), avec une belle réussite. Mais là, il s’agit de tout autre chose : rendre justice à un groupe fondamental de la grande saga du rock, connu de rares happy few au moment de sa brève existence (1969-1971) puis de plus en plus célèbre et mythique au fur et à mesure des années et de la carrière solo de son chanteur.
Faut-il rappeler qu’Iggy fut et reste une figure fabuleusement charismatique, véritable athlète et danseur du rock, chanteur à la voix métallique, profonde et magnifique, et que dans son corps ultrasexuel brille un esprit extrêmement fin, ouvert, cultivé, comme le montre l’entretien qui sert de fil rouge à ce film ?
Plus proches du Velvet que de Kiss
Faut-il affiner certaines des idées reçues sur la musique des Stooges ? Du heavy metal, certes, mais sec, minéral, minimal, arasé jusqu’aux nerfs et aux os, d’une élégance et d’une classe inaccessibles aux hordes de métalleux histrioniques qui ont suivi. Les Stooges furent plus proches du Velvet (leur premier album était d’ailleurs produit par John Cale) que de clowns style Iron Maiden ou Kiss.
Jarmusch raconte cette histoire de losers magnifiques aussi brève et flamboyante que le passage d’une météorite, alternant entretiens avec les Stooges et (rares) images d’archives. Cette option de docu classique déçoit un brin, avec son montage “efficace” qui ne laisse pas toujours assez de place à la musique et reste assez éloigné du style contemplatif usuel du cinéaste. Jarmusch a échangé ici sa casquette d’artiste pour celle de fan amoureux et signe un film passionnant par son sujet, touchant, mais moins personnel qu’un ofni comme Paterson.
Gimme Danger de Jim Jarmusch (E.-U., 2016, 1 h 48)
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