Shinji Aoyama ( Eurêka) et Jean-Paul Civeyrac (A travers la forêt) tournaient il y a quelques mois à Gennevilliers dans le cadre d’une carte blanche exceptionnelle. Reportage.
« On manque un peu d’espace vital », maugréé un assistant tandis que se massent les techniciens autour de la caméra en bout de péniche. La scène s’achève par un « Cut » retentissant, vociféré par le réalisateur, un quadra à casquette. « Ça au moins, tu n’as pas besoin de le traduire » lâche un technicien amusé à la traductrice japonaise. Shinji Aoyama (Eurêka) tournait sur Seine il y a quelques semaines. L’invitation est venue du théâtre de Gennevilliers dirigé par Pascal Rambert, et de la société de production Les Films du Bélier. En collaboration avec Canal + et France 2, ils ont composé une carte blanche, offerte désormais chaque année à deux cinéastes, l’un français, l’autre étranger, avec pour seules contraintes la légèreté d’un tournage en petite équipe et le souci de faire rentrer dans les films le territoire de la ville, ses problématiques et ses habitants. « Au centre du projet, il y a le théâtre où Pascal a monté déjà plusieurs spectacles avec les gens de Gennevilliers, dans l’idée de faire éclater certaines frontières », explique Justin Taurand, producteur. « Notre chance est d’avoir acquis les chaînes de télé au principe d’une carte blanche, chose quasi inimaginable dans le cinéma d’aujourd’hui, puisque plus personne ou presque ne met un centime sur un projet sans regard sur le scénario ».
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Pour Jean-Paul Civeyrac (Fantômes), qui a réalisé avant Aoyama l’autre film de la première fournée, c’était l’occasion inédite d’avoir recours à l’improvisation. Il dit également y avoir vu l’opportunité de » combler une carence, d’élargir son spectre de travail en trouvant enfin une manière pour son cinéma d’être en pise directe avec l’actualité » – une scène de son film évoque ainsi le discours de Sarkozy en Afrique. Aoyama a lui profité de l’expérience pour tourner avec Lou Castel, qu’il dit idolâtrer depuis toujours pour Les Poings dans les poches de Bellochio, mais aussi A Bullet for the General, un western-spaghetti avec Klaus Kinski. Il décrit sont film comme un conte entre réalisme et burlesque poétique, où une jeune fille interroge l’héritage de son grand-père, ex-militant de la lutte armée qui lui a laissé une valise de dynamite. Un sujet qu’il s’est choisi « à cause de l’anniversaire de Mai 68, forcément ». Les deux films sont présentés cette semaine au festival de Locarno et lors de l’ouverture de saison du théâtre, puis diffusés à la télévision fin-septembre. Avant qu’Olivier Assayas et un cinéaste américain ne prolongent l’année prochaine la belle entreprise.
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