Pour tous ceux, sans doute minoritaires, qui avaient loupé Gazon maudit lors de sa sortie en salles, cette édition vidéo est une utile session de rattrapage. Parce que, attention, avec son plafond des trois millions d’entrées France explosé, son classement dans les meilleures recettes 95, son remake américain futur et sa supercote critique qui lui […]
Pour tous ceux, sans doute minoritaires, qui avaient loupé Gazon maudit lors de sa sortie en salles, cette édition vidéo est une utile session de rattrapage. Parce que, attention, avec son plafond des trois millions d’entrées France explosé, son classement dans les meilleures recettes 95, son remake américain futur et sa supercote critique qui lui valu même l’adoubement des Cahiers du cinéma, Gazon maudit est tout sauf maudit : apparemment, il fallait être légèrement débile, obstinément têtu ou complètement largué pour ne pas l’avoir vu. Enfin, ça y est, docteur, tout va bien, la faute est réparée. Bon : le message de tolérance de Gazon maudit, son plaidoyer pour le droit de chacun à vivre, aimer et baiser comme il l’entend ne se discute pas. Merci, Josiane, on est bien d’accord avec toi. Mais la différence entre Balasko et, au hasard, Almodovar à qui elle emprunte Victoria Abril, c’est que l’Espagnol n’a jamais fait de la bisexualité le centre de ses films : travestissement, lesbianisme, inceste, transsexualité… tout cela est déjà inscrit, intégré, accepté dans l’univers d’Almodovar dont le sujet est avant tout la difficulté d’aimer et d’être aimé. Gazon maudit a donc, socialement, trois godemichets de retard. Mais peu importe le flacon des mœurs, pourvu qu’on ait l’ivresse du rire. Là encore, déception : les moments les plus drôles sont dus à Ticky Holgado, c’est dire. A l’époque des Nuls ou autres Guignols, Balasko se hisse tout juste au niveau d’un vieux Gérard Oury des familles à ceci près que Le Corniaud est dix fois plus gondolant. Reste la mise en scène : euh, si la sympathique Balasko était Woody Allen, Scorsese ou Monteiro, appelez d’urgence la rédaction des Inrocks, car ce serait un scoop pour nous. Faussement dérangeant et franchement correct, soumis aux rebondissements artificiels de son scénario, Gazon maudit ne remet rien en cause parce qu’il suit l’évolution des mœurs au lieu de la précéder. Est-ce une coïncidence si Balasko/personnage est chauffeur de poids lourd ? C’est en tout cas la meilleure métaphore de Balasko/cinéaste, qui pilote ici un engin lourd et massif comme un camion. La cause lesbienne mérite d’autres films.
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