Portrait sobre et lumineux d’un simplet tenant un garage dans un bled irlandais.
“Idiot du village d’aujourd’hui”, Josie travaille comme garagiste dans une bourgade irlandaise. Loin de toute bêtification ou de toute intention caricaturale, la figure de l’idiot, sacralisée jadis par Dostoïevski, qui en fit une icône mystique (christique), sert ici de repoussoir aux mesquineries et aux injustices de la société contemporaine. Mais là n’est pas le véritable intérêt de cette fable, dont la portée sociale compte moins que ce qu’elle dessine. Notamment le personnage principal du garagiste, incarné par Pat Shortt, un comique populaire irlandais, qui par un travail remarquable sur l’expression et la posture compose une silhouette d’ahuri attachante et crédible. Un corps burlesque. Ensuite, il y a l’importance de la mise en scène, constamment et globalement minimaliste, qui par sa rétention contrecarre toute dérive farcesque vers laquelle un tel sujet aurait pu facilement conduire un cinéaste moins sensible. La beauté fruste du film réside dans une certaine nudité du cadre, qui est souvent large, frontal et fixe – au diapason de l’image, brute, légèrement granuleuse, tout le contraire de la vidéo gluante. En soi, la banalité constante du décor et le statisme des situations suggèrent une forme d’intériorité. Ce film est une sorte de bloc de résistance (par sa force d’inertie). Il constitue un geste subversif, quasi héroïque, à une époque où l’intégrité du réel est constamment contrecarrée par un besoin obsessionnel de stylisation de l’image.
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