Un film tendre sur l’enthousiasme de la jeunesse et un hommage ému à l’amitié, par le jeune cinéaste brésilien talenteux auteur de Casa grande.
Un film tendre sur l’enthousiasme de la jeunesse et un hommage ému à l’amitié, par le jeune cinéaste brésilien talenteux auteur de Casa grande.
La belle idée de mise en scène de ce film d’amitié (le réalisateur y rend hommage à l’un de ses amis d’enfance), de ce road-movie inspiré, c’est d’avoir commencé par sa fin. Fellipe Barbosa utilise un procédé – le flash-back – évidemment très banal au cinéma, qui consiste à modifier le regard du spectateur pour le rendre plus attentif, paradoxalement, à la vie, à l’humour, à la tendresse, à la jeunesse qui circulent dans le film. Bref, ne le cachons pas plus longtemps : comme dans Sunset Boulevard de Billy Wilder ou Les Tueurs de Robert Siodmak, le personnage principal est retrouvé mort dès les premiers plans de Gabriel et la montagne. Mais que s’est-il passé ?
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La comparaison s’arrête là. Gabriel et la montagne n’est pas un film noir, c’est même tout le contraire. C’est l’histoire banale d’un jeune Brésilien, Gabriel Buchmann, qui, comme tant d’autres étudiants, a choisi de faire le tour du monde avant d’intégrer la prestigieuse université américaine qui l’a accepté dans ses rangs. Il rencontre tout un tas de gens (parfois interprétés par les vraies personnes qui ont croisé Gabriel dans leur vie), vit cent petites aventures, tombe amoureux aussi, voyage quelque temps avec sa compagne.
Une tristesse permanente
Ils s’engueulent, ils théorisent ce qu’ils voient des pays émergents, refont le monde, le rêvent, puis elle repart dans son pays. Mais ils se reverront, c’est sûr. Seulement, nous, nous savons que non… Ce film tendre, sur l’enthousiasme de la jeunesse mais aussi sur le monde tel qu’il est aujourd’hui (son aspect documentaire est très important), et sur la nature et ses dangers, est donc baigné d’une tristesse permanente et c’est ce qui fait sa beauté.
Et puis il y a ce mystère qui entoureles intentions de Gabriel dans les derniers jours de sa vie. Il voyage depuis près d’un an avec son sac à dos, il commence à avoir roulé sa bosse et a appris à sentir le danger. Pourtant, à la veille de repartir dans son pays, il prend un risque fou. Il se trouve au Malawi et il prend une décision invraisemblable : escalader seul une montagne, le mont Mulanje. Tout le monde le lui déconseille. Pourquoi le fait-il quand même ? Le film ne répond pas à la question mais l’image de ce jeune homme dont le corps se confond peu à peu avec la nature est d’une incroyable poésie.
Gabriel et la montagne de Fellipe Barbosa (Fr., Brés., 2017, 2 h 07)
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