Les cinéastes hong-kongais exilés aux Etats-Unis semblent être perdus dans un éternel jetlag. En plus du bizarrement glamoureux Mission : impossible 2, signé John Woo, à venir, ce Full alert réalisé en 1997 par Ringo Lam, entre deux parenthèses américaines, confirme l’ex-colonie chinoise comme une zone franche cinématographique. L’affrontement entre un flic nerveux et un […]
Les cinéastes hong-kongais exilés aux Etats-Unis semblent être perdus dans un éternel jetlag. En plus du bizarrement glamoureux Mission : impossible 2, signé John Woo, à venir, ce Full alert réalisé en 1997 par Ringo Lam, entre deux parenthèses américaines, confirme l’ex-colonie chinoise comme une zone franche cinématographique. L’affrontement entre un flic nerveux et un champion du braquage, qui se révèleront être les faces opposées d’une même pièce, est un grand classique du néo-polar hong-kongais, très friand de ces associations duelles, forcément symboles d’une identité hybride, entre Orient et Occident. John Woo et Kirk Wong ont nourri leur cinéma d’influences venues de l’Ouest, avant d’être séduits par les sirènes hollywoodiennes ; Lam prend une longueur d’avance sur eux, en venant payer son tribut avec un film contrit sur une cité qu’il filme comme elle ne l’a jamais été comme pour s’excuser. Full alert délivre Hong Kong d’un glamour exotique pour la prendre au vif, avec une sécheresse digne du William Friedkin de Police Fédérale Los Angeles, du Michael Mann du Solitaire, les jumeaux antipodes de ce film dépressif. Lam s’avoue ici cinéaste apatride, tiraillé entre cinéma de genre et naturalisme, mélancolie asiatique et cynisme américain. Ecartelé comme a pu l’être Hong Kong au moment de la rétrocession. Full alert bouillonne d’une fièvre terminale, se rattache comme il peut aux derniers instants d’une vie, en particulier avec ce son direct, pris à l’arraché, comme un dernier souvenir. L’excellent Lau-Ching Wan est le narrateur d’une nécrologie que Lam dresse aussi consciencieusement que son personnage de flic est dévoué au sens du devoir : sans aucun espoir de retour. Aujourd’hui Lam termine un nouveau film avec Van Damme, le fossoyeur du cinéma d’action hong-kongais. Full alert, plus qu’un splendide film noir, prend alors l’air d’un bouleversant testament.
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