Alors qu’ »Angry Birds » a effectué cet été un joli score au box-office, et qu’un projet d’adaptation de « Temple Run » est sur les rails depuis un certain temps, on apprend que « Fruit Ninja » pourrait servir de base à un long métrage. Renouvellement créatif, ou signe quasi-parodique d’un véritable essoufflement de l’inspiration des studios ?
Après Angry Birds et ses oiseaux enragés et Pixel et son Pacman géant in real life, le découpage de fruits frais façon samouraï sera-t-il au cœur de notre prochaine sortie ciné ? C’est en tout cas ce que nous apprend The Hollywood Reporter, qui annonce un projet d’adaptation de Fruit Ninja sur grand écran.
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Fruit Ninja est un mini-jeu d’action développé par Halfbrick Studio pour Androïd, dans lequel le joueur tranche des fruits jetés en l’air à l’aide d’un katana, d’une arbalète ou d’un sabre de samouraï tout en prenant garde aux bombes, en passant son doigt avec agilité sur l’écran. Plus le carnage alimentaire est grand, plus les points s’accumulent, permettant de débloquer des combos et autres bonus. Un pur jeu d’arcade résolument minimal, sans storytelling ni ambition graphique, un passe-temps certes addictif (l’application a été téléchargée plus d’un milliard de fois), parfait pour le trajet en métro du matin ou la salle d’attente du médecin.
Ce sympathique passe-temps un poil régressif aurait-pu rester bien au chaud au fond des poches des accros aux smartphones si Tripp Vinson, producteur d’Hansel et Gretel (2007), Number 23 (2015) en San Andreas (2015), ne s’était pas montré enthousiaste à l’idée de l’adapter pour le cinéma. Un projet on ne peut plus sérieux, qui a reçu le soutien de la firme New Line Cinema (Le Seigneur de anneaux). Mais une question se pose : comment faire d’un mini-jeu minimaliste la substance narrative d’un blockbuster ? Fruit Ninja version ciné reprendra-t-il vraiment l’univers, le design, voire certains mécanismes du jeu, ou se contentera-t-il d’en garder le nom comme argument marketing ?
Les applications mobiles, nouvel Eldorado pour les studios ?
Aussi absurde et décalé que ce projet puisse paraître, il s’inscrit dans un mouvement d’interpénétration des médias de plus en plus important, et rappelle que le cinéma, s’il a le potentiel d’être un « art pur », a souvent tiré ses scénarii d’autres domaines de la création : la littérature, le théâtre, les jeux vidéos. Le smartphone s’étant démocratisé avec une vitesse folle au point de faire figure de quasi-extension mécanique pour une bonne partie de l’humanité, il n’est pas si improbable que cela que l’industrie cinématographique, soucieuse de surfer sur l’air du temps, explore ce continent miniaturisé.
C’est ainsi qu’Angry Birds, le jeu de type casse-têtes de la société finlandaise Rovio Mobiles, dans lequel le joueur doit dézinguer de petits cochons verts en leur tirant de vilains oisillons dessus à l’aide d’un lance-pierre, a fini par avoir sa version cinématographique. Fort d’un beau succès au box-office estival, le long métrage d’animation réalisé par Clay Kaytis et Fergal Reilly prenait le parti-pris du prequel fictionnel reprenant l’univers graphique du jeu tout en en élargissant l’univers. En suivant trois parias un peu tendus d’une communauté de volatiles incapables de voler dans leur enquête rocambolesque sur l’arrivée de mystérieux cochons verts sur leur île, le film fait office de divertissement pop et coloré à l’habileté burlesque indéniable.
Auparavant, différentes sources faisaient état d’un projet d’adaptation du jeu pour mobiles de type endless running Temple Run d’Imangi Studios par le producteur David Heyman (la saga Harry Potter, Gravity), qui comptait en faire « son » Indiana Jones. Une ambition malicieuse quand on sait que le jeu, dans lequel le joueur contrôle un aventurier lancé dans une course-poursuite infernale semée d’embûches dans des ruines de temple, entre pièces en or et singes démoniaques, est directement inspiré de la série de films de Steven Spielberg et George Lucas.
Même si des producteurs, scénaristes et cinéastes inspirés peuvent certainement parvenir à extraire la substance d’une application mobile pour en faire la base d’un long métrage intelligent, la viabilité artistique de ce nouveau modèle qui se dessine peut laisser perplexe. A l’heure où les studios semblent engoncés dans une logique de clonage infini de leurs propres films et de déclinaison ad nauseam des mêmes univers, on peine à croire que Fruit Ninja, Angry Birds ou Temple Run fassent office de bouffées d’air frais. De là à dire que derrière l’Eldorado annoncé se cache peut-être un temple en toc… En tout cas, c’est décidé, je plaque tout et je vais écrire un film sur l’appli Voyages SNCF.
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