Comment Angela Davis, militante de la fierté noire dans les seventies, est devenue une icône planétaire.
« Imprimez la légende” : telle est un peu l’option de ce documentaire qui, sans exagérer particulièrement, met l’accent sur le statut iconique d’Angela Davis, la pasionaria noire des seventies.
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Au lieu de narrer in extenso le parcours de cette véritable intellectuelle de gauche, fer de lance du parti communiste américain, la réalisatrice a préféré se focaliser sur Angela Davis, qui à l’égal d’un Martin Luther King a fait retentir la cause noire, et sur les événements auxquels elle a dû sa gloire mondiale.
On aurait aimé plus de détails sur son enfance passée dans une famille elle-même militante, et surtout sur ses actions et combats entre les années 80 et aujourd’hui. Mais le film joue davantage avec le poster, avec l’image de la géniale coupe afro des années 70.
On détaille d’abord l’ostracisme dont a été victime Angela Davis dès son entrée à l’université de San Diego : jeune professeur de philo, elle sera mise à la porte par l’entremise du gouverneur de Californie de l’époque, un certain Ronald Reagan. Une femme noire et communiste, c’était too much pour l’acteur macho-libéral. A la suite de quoi, Angela Davis, qui avait des accointances avec les Black Panthers et autres activistes noirs, est accusée d’avoir fourni des armes ayant servi lors d’une fusillade en août 1970 entre policiers et militants et ayant fait quatre morts, dont un juge.
Une grande partie du film est consacrée à la cavale rocambolesque d’Angela, à son arrestation, puis à son acquittement triomphal. C’est précisément à cette occasion qu’elle excède son statut de militante politique stricto sensu pour devenir une vraie star. La première star noire internationale, à l’égal d’un Muhammad Ali, précédant de peu le tsunami Michael Jackson, alors en pleine ascension (avec sa propre coupe afro).
Sur ce plan, le film, qui accumule les images d’archives, les témoignages (dont celui d’Angela Davis elle-même), analyse parfaitement le phénomène : au lieu de rentrer dans le rang politique et de se plier à la routine militante, l’Américaine était devenue un phénomène branché, quasiment une vedette pop, qui faisait même des tournées mondiales où elle haranguait les foules en extase (devant son aura capillaire). Du coup, la politique est un peu le parent pauvre du film.
Quoi qu’il en soit, même en tant que symbole, Angela Davis demeurera une figure cruciale, un marqueur de l’époque où la suprématie idéologique des Blancs occidentaux (de droite) a commencé à vaciller. Bref, ce film a d’indéniables vertus socio-historiques.
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