Alors que sort dans les salles cette semaine « La Momie », premier épisode de la saga du « Dark Universe » d’Universal, retour sur les ambitions du studio et du dispositif mise en place pour mener à bien ce projet.
En 2012, Universal annonce son souhait d’imposer le Dark Universe, soit une saga basée sur un univers cinématographique partagé et étendu, mettant en scène les gloires anciennes de l’Universal Monsters et inspiré par le modèle que propose depuis quelques années les studios Marvel et DC comics. Ce mercredi 14 juin, le Dark Universe faisait ses débuts attendus avec La Momie de Alex Kurtzman où l’on retrouve Sofia Boutella et Tom Cruise dans les rôles principaux.
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Si les termes d’univers étendu, d’Universal Monsters, de stand-alone ou de reboot vous sont peu familiers, petit récapitulatif pour mieux comprendre ce projet ambitieux et comment Universal compte imposer cette saga dans les prochaines années.
L’univers étendu
Initié en 2008 avec Iron Man de Jon Favreau, le MCU (Marvel Cinematic Universe) est une saga de super-héros où les personnages peuvent s’immiscer dans d’autres films et ainsi d’autres univers que ceux qui leur sont dédiés. Ainsi dès 2012 et Avengers les frontières respectives des univers s’ouvrent et deviennent perméables : les plus grands super-héros Iron Man, Thor, Hulk et Captain America se rejoignent dans un même espace-temps. Une sorte de NBA All-Star Game mais au cinéma.
Le DC Extended Universe est né, quant à lui, en 2013, au lendemain de la clôture de la trilogie de Batman par Christopher Nolan, avec le Man of Steel de Zack Snyder comme figure de proue. Après plusieurs origin stories (Man of Steel, Wonder Woman) le studio réunira, à son tour, tous les super-héros majeurs à la manière d’un Avengers, dans Justice League prévue pour l’hiver 2017.
C’est donc sur ces bases solides qui continuent d’impressionner au box-office que Universal a décidé de s’engager. Pour exemple, les deux derniers films Marvel Captain America: Civil War et Les Gardiens de la Galaxie Vol. 2 ont cumulé respectivement 1 153 304 495 et 821 219 172 dollars dans le monde. Les scores des films DC étant eux aussi très bons : 745 600 054 $ pour Suicide Squad et 872 662 631 $ pour Batman v Superman : L’Aube de la Justice en 2016
Universal Monsters
Universal Monsters, c‘est le nom donné à une série de films d’horreur produits par Universal Pictures entre 1923 et 1960. Véritables piliers du cinéma fantastique, ces œuvres ont laissé une marque indélébile dans la culture populaire et l’imaginaire collectif des spectateurs. Parmi eux, on trouve dans une première phases deux films adaptés d’écrivains français : Victor Hugo pour Le Bossu de Notre-Dame (1923) et Gaston Leroux pour Le Fantôme de l’Opéra (1925). Puis le studio s’intéresse aux personnages du roman gothique britannique du 19ème avec Frankenstein de Shelley et Dracula de Stoker (1931) pour enfin mettre en images La Momie (1932), L’homme invisible (1933) et L’étrange créature du Lac Noir (1954).
Le Dark Universe ou comment « réinventer et réintroduire ces œuvres à un public contemporain »
Hormis un remake de La Momie réalisé en 1999 par Stephen Sommers avec Brendan Fraser et Rachel Weisz, toute cette mythologie monstrueuse semblait avoir été laissé de côté, sur une étagère poussiéreuse des bureaux du studio, jusqu’à l’annonce officielle en 2012 du retour de La Momie. Plusieurs scénaristes travaillent alors sur le projet, pour faire naître, deux ans plus tard, l’idée du Dark Universe. En simplifiant les différents univers filmiques et en les rendant perméables, cela permet de « réinventer et réintroduire ces œuvres à un public contemporain » d’après l’équipe artistique. Celle-ci est composée des scénaristes et réalisateurs Alex Kurtzman, Chris Morgan, Christopher McQuarrie et David Koepp qui peuvent se vanter, à eux quatre, d’avoir été à l’écriture de films de genre mastodontes comme Jurrasic Park (1993), Spider Man (2002), Transformers (2007), Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal (2008), Edge of Tomorrow, la saga des Mission Impossible (1996-2018) et des Fast & Furious (2006-2017).
Cette volonté des studios d’exhumer ces monstres et de les ramener aux premier plan tout en renouant avec un ésotérisme premier degré plutôt délaissé ces quelques années à un public teen avec les sagas Harry Potter (2001-2011) et Twilight (2008-2012) est fortement excitante. La présence annoncée au générique du Dark Universe de Danny Elfman, compositeur attitré de Tim Burton (cinéaste du genre fantastique par excellence), renforçant d’ailleurs la cohérence du projet.
Un calendrier surchargé
La Momie n’est donc que la première étape d’une flopée de films à venir centrés sur Frankenstein, l’Homme Invisible, Dracula, la Créature du Lac Noir, le Dr. Jekyll, Le Fantôme de l’Opéra et Notre-Dame de Paris. La Fiancée de Frankenstein, sera le prochain opus et sortira dès février prochain. Si l’on ignore encore qui incarnera le Dr. Frankenstein, Javier Bardem prêtera ses traits au monstre. Le film sera réalisé par Bill Condon, sortant tout juste du carton de sa version live de La Belle et la Bête. Enfin ce sera au tour de L’Homme Invisible de revenir sur grand écran avec Johnny Depp dans le rôle-titre. Par la suite, Alex Kurtzman a mentionné son souhait de faire participer des stars comme Angelina Jolie, Michael Fassbender, Jennifer Lawrence ou encore Charlize Theron.
Le Dr. Jekyll comme fil rouge
Si ces univers ont prouvé qu’il était suffisamment riche pour être adapté en films, l’interrogation qui subsiste concerne la source de connexion entre ces créatures fantastiques. Comment réunir à terme dans un seul et même film Frankenstein, La Momie et Dracula ? La solution semble émettre du Dr. Jekyll interprété par Russell Crowe dans la nouvelle version de La Momie. C’est, en effet, ce dernier qui fera le lien entre chaque histoire de la saga grâce à son laboratoire secret où il étudie différentes sortes de monstres. Reste toutefois à voir comment Universal justifiera les présences dans cette univers surnaturel du Fantôme de l’Opéra ou du Bossu de Notre-Dame, simples hommes déformés et dont la compatibilité d’univers ne semble pas évidente.
Le Dark Universe s’affiche donc comme un bloc filmique immense, fascinant et plein d’ambitions (trop?) où règne encore de nombreux mystères. Malheureusement, l’échec aussi bien critique que public de La Momie (le film a réalisé un démarrage décevant aux Etats-Unis le week-end dernier, arrivant seulement deuxième avec 32,2 millions de dollars de recettes) ne risque-t’il pas de calmer les ardeurs du studio et de freiner le projet ?
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