Malgré quelques éclairs de singularité ce biopic sur un chanteur masqué est affadi par son dispositif.
Cinéaste irlandais qui avait intrigué avec son biscornu Garage et déçu avec son drame ado What Richard Did, Lenny Abrahamson s’aventure du côté de la poésie bricolo à la Spike Jonze avec cette fable inspirée d’un chanteur réel, Chris Sievey. Un musicien british qui s’était inventé un personnage, Frank Sidebottom, affublé d’une tête en papier mâché avec laquelle il se produisait.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Chronique touchante des tournées et des frasques du groupe zarbi de Frank, quelque part entre les Residents (le masque) et Captain Beefheart (le style blues trash), le film ne manque pas de charme, ne serait-ce que pour cet écorché vif caché sous un masque naïf qui assimile le cliché de la rock-star à une souffrance.
Ça serait tout de même plus convaincant s’il ne présentait un gros handicap : bien qu’il s’intitule Frank, il est constamment filmé du point de vue de Jon, un gentil garçon timide qui se fait engager dans le groupe comme clavier.
On ne suit donc Frank qu’à travers ses yeux, comme dans ces biopics où l’on ne voit une célébrité que par le truchement d’un témoin voyeur. Ou comment émousser la force émotionnelle d’un sujet en optant pour la distanciation et en se refusant à l’attaque frontale.
{"type":"Banniere-Basse"}