Fragments sur la misère est bien un documentaire, mais un documentaire uniquement consacré aux lourdes intentions de son auteur et à son absence totale de réflexion cinématographique. Il est inutile de chercher dans ce film la moindre tentative de saisie du réel qui s’appuierait sur un quelconque point de vue. Otzenberger se contente d’illustrer une […]
Fragments sur la misère est bien un documentaire, mais un documentaire uniquement consacré aux lourdes intentions de son auteur et à son absence totale de réflexion cinématographique. Il est inutile de chercher dans ce film la moindre tentative de saisie du réel qui s’appuierait sur un quelconque point de vue. Otzenberger se contente d’illustrer une thèse préétablie (les pauvres crèvent et tout le monde s’en fout) sans se soucier le moins du monde des moyens mis en oeuvre. Pour conserver sa place de filmeur omniscient auquel sa caméra donne toujours le beau rôle, Otzenberger pense que tous les coups sont permis, de l’agression pure et simple de passants sommés d’avouer leur désarroi au montage parallèle pachydermique qui raccorde drapeau français et tournée des « Bleus » de Nanterre. Il ne s’agit ni de voir ni de montrer, mais seulement de démontrer, coûte que coûte, au risque de la pornographie télévisuelle, de l’humiliation du filmé qui se donne en spectacle ou passe pour un salaud indifférent, et du mépris total pour quiconque refuse d’entrer dans ce petit dispositif de faussaire. Fragments sur la misère, misère de ces fragments.