Un prêtre assassine sa maîtresse enceinte. Grivois et grinçant.
Cela fait vingt ans que Philippe Ramos mène sa barque de cinéma discrètement, semant quelques belles pépites comme L’Arche de Noé ou Capitaine Achab. Fou d’amour a le potentiel pour élargir son public.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Il y reprend l’argument de son premier court métrage, Ici-bas, inspiré de l’affaire du curé d’Uruffe. En 1956, en Lorraine, un prêtre avait assassiné l’amante qu’il avait mise enceinte. Le fait divers avait fait du bruit et Claude Lanzmann lui avait consacré l’un de ses plus grands textes dans Les Temps modernes.
Si Ici-bas revêtait une tonalité bressonienne, Fou d’amour se situerait plutôt entre Bresson et… Joël Séria, oscillant entre une veine picturale et métaphysique et une autre plus triviale et charnelle. Le mélange de ces genres est curieux, inattendu, mais il fonctionne.
Un film gonflé, macabre et drôle
Comme dans Boulevard du crépuscule, le récit procède par une voix off en flash-back du point de vue du mort – le curé, qui vient d’être guillotiné. C’est gonflé, macabre et drôle – le film est grivois, drolatique mais toujours soigneusement filmé, et très élégamment écrit.
Soit donc ce prélat séducteur (Melvil Poupaud, très sexy dans sa soutane) qui conquiert les cœurs et les corps de ses paroissiennes, semant une onde de plaisir et de liberté dans cette région reculée. Jusqu’au jour où notre homme d’Eglise tombe amoureux d’une jeune aveugle en laquelle il décèle la grâce (Diane Rouxel, actrice en effet très gracieuse déjà vue chez Larry Clark et Emmanuelle Bercot).
Le film bascule alors dans le thriller rural et la tragédie, le rose et vert se teinte de noir. Fou d’amour n’est pas pour autant une charge contre l’Eglise ou un dossier sur la sexualité réprimée des prêtres. Rien de sociologique ici. C’est une étude sur la complexité des êtres et les apparences sociales, un portrait qui pourrait se résumer par “l’habit ne fait pas le moine”. Et c’est surtout un beau film singulier.
{"type":"Banniere-Basse"}