Un mélo porté par la fièvre de Jasmine Trinca.
Sixième long métrage du réalisateur et acteur – notamment pour Rivette, Besson et Bellocchio – Sergio Castellitto, Fortunata nous place dans le sillage d’une mère courage (Jasmine Trinca) dont la vie se confond avec un numéro d’équilibriste.
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Du haut de ses talons et engoncée dans une minijupe moulante et un top flashy échancré, elle jongle avec un ex-mari violent et possessif, un emploi de coiffeuse à domicile, un ami toxicomane et bipolaire, sa fille de 8 ans traumatisée par la rupture, et le beau psychologue pour enfants de cette dernière.
Aussi frais et généreux que kitsch et parfois problématique
Pour les cinéphiles qui ne verraient le cinéma italien que par le prisme de ses grands noms ou celui de ses films d’auteurs plus confidentiels et dont la principale fenêtre de diffusion reste les festivals et les écrans d’art et essai, nous remarquons d’emblée que Fortunata ne rentre ni dans la première catégorie – on ne peut pas dire que Castellitto soit un grand cinéaste –, ni vraiment dans la seconde – bien que sélectionné à Cannes, le film relève davantage du mélodrame à succès (il a rapporté plus de deux millions d’euros en Italie, une prouesse pour un drame transalpin) que de l’objet d’art.
Une bande-son hétéroclite (on y croise The Cure, Beethoven, Chubby Checker ou Vasco Rossi) finit d’ensacher Fortunata dans le genre du mélo, aussi frais et généreux que kitsch et parfois problématique, notamment lors d’une scène de viol qui ne dira jamais son nom.
Outre d’intéressants motifs (l’omniprésence de la diaspora chinoise, la référence à Antigone via le personnage interprété par Hanna Schygulla, ex-muse de Fassbinder), le film vaut surtout pour l’interprétation de Jasmine Trinca, justement récompensée à Cannes l’an dernier. A contre-emploi des rôles que lui avaient offerts Nanni Moretti (La Chambre du fils) et Bertrand Bonello (L’Apollonide), elle confère à son personnage de cagole une dignité, une profondeur et une aura assez bluffantes.
Fortunata de Sergio Castellitto (Ita., 2017, 1 h 43)
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