Ce portrait d’une jeune migrante isolée pèche par son prosélytisme catholique.
Fortuna, une adolescente qui a fui son Ethiopie natale, est recueillie avec d’autres exilés dans un monastère des Alpes suisses. Sa liaison avec un homme plus âgé bouleverse l’équilibre de la communauté.
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Capté dans un beau noir et blanc aux cadres ouvragés, le récit esquisse dans sa première demi-heure le portrait d’une enfance tourmentée, magnétisé par le visage grave de sa jeune actrice, sorte de Mouchette moderne hantée par les vagues et perdue dans les neiges.
Il délaisse hélas cette veine intime pour s’attacher de façon plus douteuse à l’environnement religieux du film. Les gestes et symboles sacrés colonisent la narration, et les femmes et hommes migrant.e.s passent de l’état de sujets au statut d’éléments perturbateurs : ces corps étrangers menacent-ils la vie spirituelle des chanoines ?
Le problème n’est pas tant d’approcher la condition migratoire par un prisme catholique que d’utiliser celle-ci comme prétexte au prosélytisme, ambition révélée notamment quand le film, sous couvert d’une défense de la liberté individuelle, se mue en plaidoyer anti-avortement.
Fortuna de Germinal Roaux (Sui., Bel., 2018, 1 h 46)
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