Ce survival volontaire d’un jeune Français tourne à la leçon de vie premier degré.
Il manque une dose de second degré à ce film de retour à la nature qui voit Raphaël Personnaz (un acteur qui justement a toujours en lui quelque chose d’un peu gauche, ahuri et drôle : le personnage ne lui va pas très bien) s’exiler sur un coup de tête dans une cabane au bord du lac Baïkal.
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Dans ce décor à la fois hostile et, pour qui aspire à une bonne robinsonnade, paradisiaque, il espère communier avec la nature, bien sûr, mais aussi avec lui-même, et, tant qu’à faire, avec cette bonne vieille âme russe qu’un ermite grossièrement dostoïevskien (coupable d’un crime idiot, échappant à son châtiment en se cachant dans la taïga) lui sert sur un plateau en lui enseignant, loin de toute civilisation, la sagesse des hommes de caractère et la chasse au gros gibier.
Assumer le grotesque
C’est justement parce que le film prend tout ça trop au premier degré (il faut voir les tirades de Personnaz façon Into the Wild) que, paradoxalement, on peine à le prendre au sérieux. Le défilé de Sibériens de carte postale avec lesquels notre petit Français veut s’encanailler a de quoi faire sourire : Personnaz aurait aussi bien pu faire son Rendez-vous en terre inconnue dans le même décor – d’ailleurs, Dans les forêts de Sibérie est pétri d’un bidonnage proprement télévisuel où les figurants rustauds à barbe enneigée figurent moins une véritable altérité qu’une bande d’ours en peluche à la disposition du personnage et de ses velléités touristiques.
Certes, il n’aurait pas tant fallu que le film se drape dans le naturalisme et évite à tout prix les clichés, mais simplement qu’il assume le caractère doucement grotesque de son héros et qu’il nous permette de rire avec lui, plutôt qu’à ses dépens.
Dans les forêts de Sibérie de Safy Nebbou, (Fr., 2016, 1 h 45)
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