A travers une énième exploration de la relation père-fille, Ozu atteint avec ce premier film en couleur le sommet de son art : l’équilibre parfait entre joie et mélancolie.A quelles “fleurs d’équinoxe” Yasujiro Ozu fait-il référence dans le titre de ce film ? A des fleurs de printemps ou à des fleurs d’automne ? Joie […]
A travers une énième exploration de la relation père-fille, Ozu atteint avec ce premier film en couleur le sommet de son art : l’équilibre parfait entre joie et mélancolie.
A quelles « fleurs d’équinoxe » Yasujiro Ozu fait-il référence dans le titre de ce film ? A des fleurs de printemps ou à des fleurs d’automne ? Joie ou mélancolie ? Une jeune fille décide d’épouser un homme contre l’avis de son père. D’un côté, l’automne, avec un père vieillissant qui souhaite arranger le mariage. De l’autre, le printemps, avec la fille résolue à épouser l’homme de son choix. De Printemps tardif (1949) au Goût du saké (1962) en passant par Voyage à Tokyo (1953), Ozu introduit sa caméra à l’intérieur de la cellule familiale. Il se sert de la famille comme modèle à taille humaine des déchirements de la société nippone d’après-guerre partagée entre traditions féodales et occidentalisation forcée. Caméra à ras de tatami, succession de plans statiques, cadre immobile : de film en film, Ozu radicalise son style et tend vers un dépouillement zen. Il faudra l’insistance de ses producteurs pour qu’il cède et réalise ce premier film en couleur. Mais c’est avec la subtilité d’un maître en haïkus qu’Ozu va utiliser les couleurs. Dans Fleurs d’équinoxe, il privilégie le rouge. Hingan-bana, le titre japonais, désigne précisément une fleur d’automne de couleur pourpre. Rouge comme une bouilloire dans un coin, comme un bouquet discret, comme les lèvres de jeunes filles devenues femmes… Rouge de la passion, rouge de la blessure : le père doit accepter de voir partir sa fille. Entre la joie et la tristesse, Ozu filme sublimement et subtilement cette aspiration de chacun au bonheur, cette quête d’un équilibre si dérisoire face à l’impermanence.
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