L’histoire d’une chimère qui prend corps dans celui d’une petite fille. Au gré des contes de fées que sa gouvernante lui raconte, surgit de l’imaginaire de l’enfant un Pompier, monstre fabuleux qui vient la visiter la nuit dans sa chambrée, et ne la quittera plus. Dès lors, Barbara n’aura de cesse de se garder pour […]
L’histoire d’une chimère qui prend corps dans celui d’une petite fille. Au gré des contes de fées que sa gouvernante lui raconte, surgit de l’imaginaire de l’enfant un Pompier, monstre fabuleux qui vient la visiter la nuit dans sa chambrée, et ne la quittera plus. Dès lors, Barbara n’aura de cesse de se garder pour lui, de se préserver pour s’offrir, ou plutôt « se l’offrir », à l’heure venue. Enfermée volontairement dans la maison paternelle, la petite fille devenue grande cultive son univers intérieur à travers l’obsession qui l’occupe tout entière, dans une inertie proche de la pathologie. Puis vient le jour où, se retrouvant face à l’Homme-Pompier en chair et en os, elle décide de passer à l’acte, le kidnappe, l’enferme dans sa chambre et vit avec lui en secret son rêve de toujours, qui est devenu passion charnelle. Le film d’Alfo Arrieta déconcerte par la curiosité du sujet, mais aussi par ce climat fait du mélange étroit entre une réalité statique et un onirisme forcené. L’entourage proche de Barbara (père, gouvernante…) se fond dans la lenteur, transpire un ennui qui semble les mettre en état de gestation d’eux-mêmes : ils parlent peu et d’une voix monocorde, comme si l’essentiel ne pouvait se passer qu’à l’intérieur et était indicible. La caméra participe à ce sentiment d’enfermement, en séquestrant presque tout du long notre regard au sein de la maison. Barbara, elle, parvient à s’échapper de ce confinement familial en se retranchant par l’esprit d’abord, puis physiquement.
Du côté du spectateur, cette léthargie ambiante atteint parfois l’exaspération, puis on a soudain la sensation qu’Arrieta nous rattrape par la main au cours de la scène suivante et nous replonge, consentants, dans son univers. En cela, Flammes agit comme un charme : il prend corps en nous sans que l’on s’en aperçoive et sans que l’on puisse vraiment définir pourquoi l’on se soumet.
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