Une comédie de potes entre fils de riches, designée comme un luxueux mag de lifestyle.
S’il fallait reconstituer l’arbre généalogique de Five, Les Trois Frères y tiendrait certainement une bonne place. Pas parce que l’acide corrosif des Inconnus suinte encore dans cette comédie, mais plutôt pour des affinités de structure : derrière une petite bande soudée (par le sang, par l’amitié) qu’une série de galères précipite dans une rocambolesque fuite en avant, la France défile comme un fond peint, avec ses décors, ses archétypes, ses idéologies.
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Mais c’est le point de vue qui a changé. Loin de la hargne, de l’instinct de survie, de la férocité des Trois Frères,ici tout est plus crémeux, plus sexy, voluptueusement installé dans un cocon de coolitude où rien ne menace jamais vraiment nos héros, et pour cause : ils sont de cette bourgeoisie replète et impunie, mollement consciente d’elle-même, violemment attaquée chez les Inconnus, confortablement installée ici au centre d’un film qui ne saurait se montrer plus antipathique.
L’amitié est un produit
Julia, Vadim, Nestor, Timothée et Samuel, amis d’enfance, s’apprêtent à enfin pouvoir emménager ensemble, et si un désaveu parental creuse tout à coup leur compte bancaire, lançant l’intrigue sur les rails d’une recherche effrénée d’argent, inutile d’y prêter trop attention : cela ne viendra pas bousculer l’espèce d’orgie lifestyle dont le film fait tout son beurre, soit une généreuse quincaille de costumes, d’accessoires et de décors participant d’un même martèlement sociologique.
Five, film sur l’amitié ? Tout au plus l’amitié est-elle, comme la classe sociale des héros, un produit qu’il sait habilement nous vendre – affaire de punchlines, d’univers visuel et de consommation. L’enfer est pavé d’écoles de commerce.
Five d’Igor Gotesman (Fr., 2016, 1 h 42)
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