Les amours tumultueuses de deux délinquants qui se rencontrent en prison.
Fiore, présenté à Cannes, en mai 2016 dans le cadre de la Quinzaine des réalisateurs, puis en octobre, en compétition à Cinémed (festival du cinéma méditerranéen de Montpellier), a été réalisé par un jeune cinéaste qui vient du documentaire. Raison pour laquelle, sans doute, il a mené une longue enquête avec ses scénaristes afin de décrire le monde carcéral des adolescents en Italie, avec le maximum de véracité (difficile d’en juger pour le spectateur).
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Ses acteurs, jeunes gens et adultes, sont pour la plupart des non-professionnels, ayant peu ou prou connu l’univers de la prison (délinquants, gardiens, policiers), en dehors notamment de Valerio Mastandrea, acteur bien connu et coproducteur du film.
Fiore raconte l’histoire d’une mineure, Daphne, qui vole des téléphones portables dans le métro de Rome. Après une longue poursuite dans les rues, elle se fait coincer par la police. Elle se retrouve dans une prison mixte pour ados. Bien que les garçons et les filles soient séparés dans des départements distincts, une histoire d’amour va naître avec un jeune homme, Josh.
Le réel n’égale pas toujours le rêve
Les deux amoureux n’en font qu’à leur tête, désobéissent ou se révoltent contre leurs gardiens, ne font que des conneries (comme mettre le feu aux matelas), bref tout ce qu’il ne faut pas faire, mais ils ont 17 ans, et des familles peu structurées. Quand elle sortira de prison, pour enfin aller vivre quelques jours chez son père, Daphne fera encore des bêtises. Puis elle fuguera avec Josh : la liberté, vivre enfin… Avec une fin amère, parce que le réel n’égale pas toujours le rêve.
On a sans doute déjà vu cela au cinéma, mais la mise en scène, sans être géniale, est assez tenue, et le film tient ses promesses. Surtout, il faut bien le dire, grâce à son interprète principale, Daphne Scoccia, découverte par hasard derrière le bar du restaurant où elle était serveuse. A Montpellier, Giovannesi raconta qu’elle avait accepté de faire des essais quand on lui avait dit qu’il s’agissait d’une ado délinquante. Manifestement, elle savait de quoi il retournait.
Avec ses airs butés, son ironie pince-sans-rire, ses silences éloquents, son corps frêle mais étonnamment puissant (elle court magnifiquement), “La” Scoccia est étonnante, inouïe. Dès le premier plan de son premier film (elle en a tourné un autre depuis), le spectateur comprend, stupéfait, qu’elle possède quelque chose de rare et de fondamental chez une actrice : on ne sait pas qui elle est (est-ce une fille, un garçon ? A-t-elle 14 ou 22 ans ?) et on a très envie de le savoir. On lui souhaite une très belle carrière.
Fiore de Claudio Giovannesi (It., 2017, 1 h 49)
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