Sous la carapace du film de baston, la chronique sensible d’une amitié dans une excellente série B.
Un jeune type à la rue (Channing Tatum), fraîchement débarqué d’Alabama pour tenter sa chance à New York, se lie d’amitié avec un ancien boxeur devenu coach de petites frappes (Terrence Howard), qui le propulse dans le cloaque des street fights clandestins. Du programme testostéroné annoncé dans un titre à la rare littéralité, Dito Montiel, jeune réalisateur new-yorkais venu du circuit indépendant, ne déploie finalement qu’une infime partie – mais le fait remarquablement, dans de brèves et intenses scènes de combats – pour se concentrer sur tout le reste : les frémissements d’une amitié naissante, les émois discrets d’une love story déjouant habilement la tentation machiste, les palpitations nocturnes d’une ville sauvage qu’on avait perdu l’habitude de voir ainsi depuis que Giuliani en a fait un paradis pour yuppies. Et tout cela est filmé avec une sécheresse admirable, qui tient plus d’une esthétique fin 70’s (le premier Rocky, La Fièvre du samedi soir) que du style MTV appelé par pareil sujet. Inspirée du Macadam Cowboy de John Schlesinger (1969), auquel Montiel substitue une marchandisation virile (le sexe tarifé d’un gigolo) par une autre (la boxe clandestine montrée comme prostitution), la relation entre les deux hommes constitue l’argument principal du film. Channing Tatum, découvert dans le sous-estimé Step up (Sexy Dance en VF), belle gueule posée sur un cou de taureau, sorte de Brando sans le surmoi Actors Studio, compense admirablement la frugalité de son jeu par une sensibilité franche. Terrence Howard, éblouissant MC dans Hustle and Flow de Craig Brewer (qui partage avec Montiel un penchant social délesté de toute misérabilisme), compose quant à lui un loser sublime, tout de rage enfouie dans les méandres d’une voix de crooner, une voix dont les intonations parfois trop aiguës en disent plus sur ses blessures passées que cent lignes de scénario superflues. C’est exactement par ce genre d’attentions aux frémissements d’un corps ou d’un visage que Fighting s’extrait sans peine des rayonnages de vidéoclub auxquels son statut roturier le destine malheureusement. La bande-son, enfin, infusée au meilleur du hip-hop, du r’n’b et de la soul, achève de faire du film de Dito Montiel une belle surprise et une véritable révélation.
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