Festival péplum : l’Antiquité-spectacle des frères Lumière à Stanley Kubrick On ne tourne plus guère de péplums depuis les années 60. Comme si les légionnaires en cothurnes et les empereurs drapés dans leur toge étaient soudainement devenus ridicules. Dans le cinéma de genre, l’imaginaire du futur a remplacé l’imaginaire de l’Antiquité, en l’incorporant parfois (il […]
Festival péplum : l’Antiquité-spectacle des frères Lumière à Stanley Kubrick
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On ne tourne plus guère de péplums depuis les années 60. Comme si les légionnaires en cothurnes et les empereurs drapés dans leur toge étaient soudainement devenus ridicules. Dans le cinéma de genre, l’imaginaire du futur a remplacé l’imaginaire de l’Antiquité, en l’incorporant parfois (il n’est pas rare de trouver des pyramides dans les films de SF). Le musée d’Orsay consacre un festival au péplum, riche de curiosités et de classiques du genre. Le péplum naît avec le cinéma puisque dès 1897, une équipe des frères Lumière tourne un Néron essayant des poisons sur des esclaves. Mais le premier vrai péplum, le premier film à grand spectacle de l’histoire du cinéma, est Cabiria de Giovanni Pastrone, tourné en Italie en 1913. Cabiria représente idéalement ce que sera le péplum pendant une vingtaine d’années, en Italie comme aux Etats-Unis : du spectacle, de l’action, du mélo, une intrigue emberlificotée qui fait se côtoyer plusieurs mythologies sans grand souci de cohérence ; un film créé pour le divertissement populaire par une industrie spectaculaire, essayant de se démarquer du théâtre et de la littérature, tout en demandant à celle-ci un blason de noblesse « culturelle ». C’est ainsi que l’on retrouve au générique de Cabiria le nom de Gabriele D’Annunzio, qui cosigne le scénario et écrit, tout seul, les intertitres extraordinaires de lyrisme pompeux. Le péché originel du cinéma était d’être né comme spectacle de rue. Pour réussir à faire du cinéma un moyen d’expression neuf, autonome esthétiquement, Pastrone, tout comme Griffith ou De Mille, devait presque impérativement choisir des sujets nobles. Les occasions narratives ne manquaient pas : l’histoire antique fournissait des personnages exemplaires, de même que la Bible, Homère, Dante… C’était le seul moyen pour le cinéma d’asseoir sa légitimité. Ce qui fait de Cabiria un film encore intéressant (contrairement à un grand nombre de péplums du temps du muet, véritables monstres d’ennui, comme la Femme du pharaon de Lubitsch, dont il nous manque certes la moitié mais qui, malgré ses cohortes de guerriers patibulaires, est assez épouvantable), c’est que Pastrone tente de faire du cinéma, d’utiliser sa caméra pour organiser les plans dans les séquences, de mettre en scène sans se contenter de théâtre filmé et de créer des personnages qui échappent un peu aux typologies : ainsi, Maciste le baraqué, qui apparaît pour la première fois ici avant de connaître dans les années 20 et 30 une extraordinaire fortune. Le musée d’Orsay propose un beau choix de raretés des années 20 (en particulier les deux films tournés par le fils de D’Annunzio, Gabriellino) et des années 30. Mais c’est surtout l’après-guerre italien qui retiendra notre attention avec le Spartacus de Riccardo Freda interprété par Massimo Girotti et Ludmila Tcherina qui danse sur une trirème au milieu des lions à comparer avec le Spartacus de Kubrick/Mann, projeté le lendemain.
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