Des découvertes, des invités prestigieux – Sandrine Bonnaire, Christopher Doyle… – et un défrichage du jeune cinéma libanais : Paris cinéma garde le cap.
Pour la cinquième édition de ce “festival de tous les cinémas” (terme qui, on en conviendra, ne mange pas de pain), Paris cinéma a sélectionné treize films inédits (en salle, car un certain nombre d’entre eux ont déjà été vus dans des festivals, notamment à Cannes, Rome ou Belfort) pour sa compétition officielle. Parmi lesquels Falkenberg Farewell de Jesper Ganslandt, film suédois dans la lignée de Gus Van Sant, This Is England de Shane Meadows, une fiction plus provocante que réellement convaincante sur les mésaventures d’un pré-ado qui tombe dans le hooliganisme, ou Naissance des pieuvres de Céline Sciamma – des filles ados découvrent leur sexualité –, vu à Un certain regard. La sélection se démarque également par le choix de films à partis pris de mise en scène très forts (qu’on les apprécie ou non), parfois même conceptuels. Ainsi de Pêche sportive, film roumain sur un couple à moitié filmé en caméra subjective, ou surtout de Juste avant d’Anja Salomonowitz, un docu autrichien sur la prostitution, où un douanier, une représentante en aliments de substitution américains, un tenancier de bordel et un chauffeur de taxi, tout en accomplissant leurs tâches quotidiennes, nous lisent des témoignages écrits à la première personne par des prostituées. Le résultat, s’il ne nous en apprend guère sur la prostitution, nous en montre beaucoup sur l’Autriche, son architecture, son mode de vie… En dehors de cette compétition, Paris célébrera quelques invités de prestige qui feront l’objet de rétrospectives : Sandrine Bonnaire (venue présenter son premier film, Elle s’appelle Sabine, un documentaire sur sa sœur autiste, déjà vu à la Quinzaine des réalisateurs), Christopher Doyle (le chef op attitré de Wong Kar-wai), Francesco Rosi (le cinéaste préféré de la revue Positif), Naomi Kawase (l’une des cinéastes préférées des Inrocks), Robin Wright Penn (l’épouse préférée de Sean Penn) et la jeune cinéaste malaisienne Yasmin Ahmad. Cette année, le pays mis à l’honneur sera le Liban, avec des hommages à Joana Hadjithomas et Khalil Joreige, les auteurs de A Perfect Day, à Danielle Arbid, et un coup de projecteur sur Waël Noureddine. Et puis des projos en plein air, des colloques, des ateliers et des masterclass de classe, etc. A vrai dire, après le succès autoproclamé de la première édition de la Fête du cinéma de Rome – événement culturel “populaire” mais surtout industriel (la création d’un marché du film en Italie était une première, la Mostra de Venise n’en possède pas) –, on pouvait craindre que le festival Paris cinéma ne cherche à marcher sur ses traces. Pour le moment – sans doute aussi parce que Cannes demeure la capitale du marché national du cinéma –, Paris semble avoir choisi de rester Paris. Tant mieux.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
{"type":"Banniere-Basse"}