FESTIVAL
ENTREVUES
BELFORT 2004
Une édition 2004 placée sous le signe d’une belle hétérogénéité.
Belfort trouva cette année avec La Gueule que tu mérites du Portugais Miguel Gomes son film le plus radical. Expérience de cinéma inédite et déroutante, le film nous invite à plonger dans les limbes d’une enfance sans cesse rejouée par des adultes, repoussant jusqu’à épuisement les limites de l’imaginaire. Egalement travaillé par l’enfance, Peau de cochon de Philippe Katerine, notre préféré, titille d’autres frontières, corporelles, fantasmatiques. Autoportrait aussi trivial que poétique de l’artiste, de ses obsessions, le film cache sous les airs anecdotiques de sa caméra très subjective une véritable portée métaphysique. La vie et la réalisation s’incorporent à un même mouvement étonné, essoufflé, amusé ou vain de la parole et du regard, interrogeant sous toutes ses coutures une réalité qui se réinvente et se surpasse dans sa parenté avec la mort.
Jouant habilement de la rencontre du docu et de la fiction, La Visite de Nicolas Guicheteau retient l’attention à travers la troublante intrusion d’une jeune femme dans la vie de personnes rencontrées au hasard d’un voyage. L’attitude neutre, voire sèche de la voyageuse, comme une page blanche tendue à tout venant, crée une écriture riche et singulière entre incertitude et fermeté. Un camion en réparation d’Arnaud Simon opère lui aussi sur le mode de l’intrusion et séduit par sa simplicité, son aisance, sa fraîcheur. Charme que l’on retrouve dans le court, simple comme bonjour, Little failures de l’indé américain John Dilley, incroyablement gracieux dans la justesse de ses silences. Hors sélection, la rétrospective Jean-Pierre Gorin constituait l’autre événement du festival, notamment sa trilogie américaine (Poto et Cabengo, Routine Pleasures et My Crazy Life), qui suit l’époque militante des films avec Godard.
A. D.
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