Tonnerres de Brest. Quelques beaux éclairs de pur cinéma ont zébré le ciel finistérien du quatorzième festival de Brest. D’un niveau assez moyen dans l’ensemble, la compétition nous a tout de même ménagé plusieurs purs moments de cinéma. A l’honneur, une régionale de l’étape, Marie Hélia, qui la première, avec un Monette tout en retenue, […]
Tonnerres de Brest. Quelques beaux éclairs de pur cinéma ont zébré le ciel finistérien du quatorzième festival de Brest.
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D’un niveau assez moyen dans l’ensemble, la compétition nous a tout de même ménagé plusieurs purs moments de cinéma. A l’honneur, une régionale de l’étape, Marie Hélia, qui la première, avec un Monette tout en retenue, s’est distinguée du lot. Nous entraînant avec une douce autorité dans la foulée d’un homme marchant vers on ne sait qui ou quoi, elle réussit à captiver notre attention sans effet ostentatoire.
Une jeune femme attendant son ami au bas de la rue est accostée par un automobiliste qui la prend pour une prostituée : telle est l’hypothèse du superbe La Part d’ombre. S’il n’avait pas vraiment convaincu sur longue distance (Le Cri de la soie), Yvon Marciano emporte notre adhésion sans réserve grâce à ce film bref mais dense où il joint le concis à l’essentiel. Bien plus qu’à établir un constat désenchanté tous putains, et à ce niveau tout va toujours plus mal depuis 2 ou 3 choses que je sais d’elle , c’est bien à brosser un fervent portrait de femme que s’attache Marciano, d’une façon élégante et incisive, sachant tout à la fois préserver et dévoiler l’insondable mystère d’un être désirant. Avec Les Filles de mon pays, Yves Caumon confirme, en se renouvelant, tout le bien que l’on pensait de lui suite à la découverte du très insolite La Beauté du monde. En choisissant d’ausculter quelques heures dans la vie d’une jeune provinciale de 15 ans, ce cinéaste singulier semble a priori se recentrer sur une tendance plus fréquentée du cinéma français contemporain pour aller vite, un néonaturalisme imbibé de Pialat. Mais Caumon s’inscrit dans ce terrain-là avec suffisamment de netteté pour faire la différence et permettre à son (ses) personnage(s) d’advenir à l’écran avec un bel éclat. Dans le rôle principal, Lauryl Brossier apporte une ambivalence forcenée parfaite. Enfin, c’est de Belgique qu’est arrivé près de chez nous Mort à Vignole, champion incontesté de ce Brest 99, se présentant très justement lui-même comme un « film solitaire ». Par la subtile intrication de plans arrachés aux films de famille de son père, de photographies anciennes et de ses propres images tournées à Vignole (près de Venise), Olivier Smolders a organisé un jeu violent de conjonctions souterraines et composé un éblouissant poème audiovisuel, rythmé par La Valse du souvenir de Chostakovitch et un texte cristallin lu par l’auteur. « Filmer ceux qu’on aime, c’est prétendre à la mémoire et défier la mort » : ce défi suprême, Mort à Vignole le relève haut la caméra. Affirmons-le : peu de films, courts ou longs, ont atteint cette année à la plénitude esthétique de Mort à Vignole. Il faut le voir pour croire au cinéma, encore et contre tout.
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