A flor do mar. Si le paysage du court est globalement déprimant, la mer, Anger ou Lurie auront largement relevé ce festival. En cinq ans d’existence et à coups de rétrospectives emballantes (intégrale des courts métrages de Gus Van Sant, Pelechian, Kobakhidzé) Vila do Conde s’est fait une petite réputation dans le petit monde des […]
A flor do mar. Si le paysage du court est globalement déprimant, la mer, Anger ou Lurie auront largement relevé ce festival.
En cinq ans d’existence et à coups de rétrospectives emballantes (intégrale des courts métrages de Gus Van Sant, Pelechian, Kobakhidzé) Vila do Conde s’est fait une petite réputation dans le petit monde des petits films. Avec cet avantage incontestable sur Clermont ou Pantin d’être au Portugal, à 25 km de Porto, au bord de la mer… Mais malgré ses atouts, Vila do Conde demeure un festival de court métrage, soit un espace fatalement un peu déprimant, à la cinéphilie opportuniste et molle, quelque part entre événement culturel, stratégie politique et nuit des publivores. Dans la salle de cinéma, le spectateur est bombardé de mauvaises bandes, tandis qu’au dehors on lui chante la vitalité du court métrage et l’importance capitale de le défendre. Nous, on voit surtout servilité et conformisme et on regrette que le format court semble condamné à accueillir ces horribles petites choses bouclées et rutilantes alors qu’il pourrait être le lieu de tant d’égarements, d’essais, d’inachevé.
Aussi, au final, ne distinguerons-nous que deux films dans cette compétition : Le Vent, véritablement cinglant, du Hongrois Marcel Ivanyi, déjà vanté dans ces colonnes, et One Sunday morning de l’Anglais Manu Kurewa qui, par le talent de ses deux interprètes et par la nonchalance un peu opaque de sa mise en scène, imprime un tempo simultanément triste et rageur à ce récit d’un père de famille nigérien sommé de quitter l’Angleterre. Les potaches (les films belges par exemple, outrageusement cabotins et qui récoltent toujours les prix du public), les neurasthéniques (les inénarrables Lithuaniens, peuple mystérieux et muet, adorateur des crues, des chênes et des machines-outils) se partageaient le reste de la scène. On pouvait aussi constater avec amertume que si l’existence du cinéma portugais est définitivement chimérique, le cinéma ibérique, lui, existe bien. Pour exemple, Le Clou, sorte de tarantinade branchée (argent, coke, télévision, humour noir), est le pendant portugais de l’espagnol et non moins navrant Te lo mereces, énième variation sur les shows TV et leur prétendue abjection. On se consolait avec les programmes hors compétition (Mekas, Fischinger, Franju…), avec l’intégrale Kenneth Anger, avec les toujours réjouissants spectacles cinématographiques et musicaux de Tonino de Bernardi, et avec les Fishing with John de John Lurie, improbable série de six courts métrages produits par la télé japonaise. Sur un argument débile (Lurie pêche au bout du monde avec ses copains Jarmusch, Dillon, Hopper, Dafoe, Waits), le saxophoniste mène son petit monde en bateau et improvise des films dérivants, sans buts, où au néant des situations (tous les invités s’ennuient ferme) se superpose un commentaire héroïque. Humour branque, jeux de langage, désinvolture et nonchalance font la matière de ces Fishing with John, sorte de balade exotique où se dessine surtout la carte d’un New York idéal.
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