Festival de Biarritz Pour sa huitième édition, le Festival La Cita (Festival des cinémas et cultures de l’Amérique latine à Biarritz) avait décidé, via un double hommage au tropicalisme mouvement artistique pluridisciplinaire surgi à la tombée des années 60 et à Joaquim Pedro de Andrade, de jouer la carte du Brésil. Bien lui […]
Festival de Biarritz
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Pour sa huitième édition, le Festival La Cita (Festival des cinémas et cultures de l’Amérique latine à Biarritz) avait décidé, via un double hommage au tropicalisme mouvement artistique pluridisciplinaire surgi à la tombée des années 60 et à Joaquim Pedro de Andrade, de jouer la carte du Brésil. Bien lui en a pris car il s’agit à l’évidence d’un atout maître, aujourd’hui honteusement dédaigné par le public et les critiques européens. Pourtant, quel ennemi de la grandeur oserait encore, après la (re)découverte de quelques-uns des flamboyants joyaux du Cinema Novo parmi lesquels Terre en transe (1967) et Antônio das Mortes (1969) du poète furibard Glauber Rocha , dénier au cinéma brésilien, en particulier celui de la période 1960-80, le droit de figurer au plus haut dans le gotha mondial ? C’est pourtant désormais dans le ghetto des festivals qu’est cantonné ce cinémajuscule, sauvage et dionysiaque, en état d’insurrection permanente. D’ailleurs, pour paraphraser Léon Bloy acharné à répercuter le choc causé par Les Chants de Maldoror, ce n’est pas du cinéma, c’est de la lave. L’infortuné Joaquim Pedro de Andrade est ainsi maintenu dans un oubli insultant alors que la vision de n’importe lequel de ses films (six longs et une dizaine de courts) suffit à mesurer l’importance première de ce réalisateur mort en 1988. Citons, entre autres, O Homem do Pau-Brasil (1981) évocation pleine d’audace et de fantaisie, à rebours de tout conservatisme, de l’avant-garde moderniste des années 20 regroupée autour d’Oswald de Andrade, signataire avec le Manifeste anthropophage du texte matriciel du tropicalisme , l’enchanteur Macunaíma (1969) à l’intarissable truculence, le violemment désenchanté Os Inconfidentes (1972), O Padre et a moça (1964) pénétrante méditation, aux profonds accents antonioniens, sur les thèmes éternels de la tentation et de la foi et l’euphorisant Guerra conjugal (1974) où les pires clichés machistes sont réduits en charpie avec un mauvais esprit, proche de celui de Reiser, parfaitement salutaire. Tous films au long desquels leur auteur ne se départit pas un instant d’une exigence morale et d’une créativité formelle résolument modernes. Il est un fait avéré par l’expérience : le cinéma de Joaquim Pedro de Andrade, comme celui de ses tumultueux compagnons d’art, n’a rien d’aimable. On ne l’en aime que plus.
{"type":"Banniere-Basse"}